UN PEU D’AIR PUR : QUELLES MESURES POUR RÉDUIRE LE TRAFIC DANS NOS VILLES ?


À propos

Date de publication

21 mars 2017

Le pic de pollution qui a touché l’Europe en janvier dernier a rappelé l’importance de redessiner le trafic routier pour réduire la circulation et favoriser d’autres modes de transport moins polluants. Certaines villes se sont déjà attaquées au problème et ont installé des systèmes pour réguler le trafic. Bien que les villes occupent une position déterminante dans cette lutte, certaines mesures doivent être prises au niveau européen, comme l’ont rappelé les maires de 20 villes européennes lors de la COP21 à Paris en s’attaquant aux normes européennes jugées trop basses pour les émissions de NOx.

Les péages urbains

Les péages urbains sont situés aux entrées d’un périmètre délimité correspondant souvent au centre-ville. Comme pour un péage autoroutier, il s’agit d’un droit d’accès dans la zone, dans la plupart des cas uniquement pendant les heures de travail. Il doit être suffisamment cher pour dissuader les usagers de circuler en voiture dans la zone ciblée. Ce système existe pour le moment dans trois villes européennes : Londres, Stockholm et Milan. Pour fonctionner, il est impératif que l’installation de ce péage urbain coïncide avec une optimisation de l’offre de transport alternative, transport en commun et mobilité douce.

A Milan, le péage urbain permet d’entrer dans une zone réservée, l’« Area C », qui correspond au centre historique de la ville, « Cerchia dei Bastioni ». La ville a décidé d’adopter ce système en 2012, après avoir testé pendant 4 ans dans la même zone l’ « ecopass », une redevance pour les véhicules les plus polluants entrant dans la zone. Milan était, d’après une étude de 2007 sur 32 villes européennes, troisième en terme de concentration de particules fines (ou PM10). Ceci explique que, contrairement à la ville de Londres pour qui l’objectif initial du péage urbain était la diminution du trafic, ici l’objectif premier est bien de s’attaquer à la pollution de l’air. Par ailleurs, la ville de Milan est dotée d’un des meilleurs réseaux de transports publics d’Italie, avec notamment le plus grand métro en termes de nombre de lignes et de stations.

La combinaison de zones de circulation restreinte et de vignettes

Les deux Directives européennes de 2008 et 2013 s’attaquant au problème de la pollution de l’air ont débouché dans plusieurs pays à la création d’un système de vignettes ou pastilles classant les véhicules du moins au plus polluant. Ces vignettes se basent sur les normes européennes d’émission. Or, elles ne correspondent pas à strictement parler à ces dernières, et elles sont différentes d’un pays à l’autre. En général ces pastilles marchent en parallèle avec la création de zones de circulation restreinte, que les villes sont invitées à mettre en place avec les restrictions qu’elles jugent nécessaires, c’est-à-dire qu’elles utilisent les pastilles pour décider quels véhicules peuvent ou ne peuvent pas entrer dans la ville. Ce double dispositif existe dans plusieurs pays :

En Allemagne, le système des « Umweltplaketten » a été mis en œuvre dès 2007. Ces vignettes départagent les véhicules en quatre catégories, du plus au moins polluant : sans vignette, rouge, jaune et verte. Les premières zones de circulation restreinte, « Umweltzonen », ont été mises en place dès le 1er janvier 2008. Au 1er janvier 2017, on en comptait 54 en Allemagne, dont 53 qui ne laissent passer que les véhicules rentrant dans la catégorie verte, les moins polluants. Comme première ville allemande et suivant l’exemple de Paris et Oslo, Stuttgart va même plus loin : le Land de Bade-Wurtemberg vient de décider d’interdire l’accès à la ville à tous les véhicules ne répondant pas à la norme EURO 6 à partir de 2018, ce qui exclurait la plupart des voitures roulant au diesel.

La France a mis en place un système similaire le 1er janvier 2016 avec six catégories de véhicules du moins aux plus polluants. Ces vignettes sont appelées « Certificat qualité de l’air » ou « Crit’air ». Au départ une démarche volontaire, certaines villes, comme Grenoble en novembre 2016 ou Paris depuis le 15 janvier 2017, les ont rendues obligatoires, avant de délimiter des zones de circulation restreinte : la ville de Paris est devenue une zone de circulation restreinte dans laquelle les véhicules classés dans la catégorie la plus polluante ne pourront plus circuler en semaine de 8h à 20h.

Il y a aussi un système similaire de vignettes dans d’autres pays comme l’Autriche et le Danemark.

Mieux respirer, mieux se déplacer

Ces différentes initiatives ne sont pas exclusives : l’Area C de Milan, par exemple, est une zone de circulation restreinte (Zona a traffico limitato) en plus de son péage urbain. Pour que ces différentes mesures fonctionnent et se pérennisent, elles doivent absolument faire partie d’une politique intégrée, liant la gestion des transports à d’autres politiques tel que l’aménagement du territoire et le logement. Elles doivent également être accompagnées d’une amélioration de l’offre de transport alternative comme un meilleur réseau de transport public, la promotion des mobilités douces ou du covoiturage.

En attendant des régulations européennes et nationales plus strictes, les autorités locales ne rongent pas leur frein : elles sont nombreuses à mettre en place un plan d’actions de mobilité durable (SUMPs) pour faire en sorte que leurs habitants puissent se déplacer facilement, dans un environnement urbain plus agréable.

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© : www.umweltplakette-1.de – comune di Milano – www.certificat-air.gouv.fr