Bo, quel est le secret de Växjö pour être si innovante en matière d’utilisation intelligente des ressources locales ? Ce serait, semble-t-il, essentiellement une question d’opportunité.
« La Suède est l’un des pays les plus décentralisés au monde, ce qui nous donne beaucoup de pouvoir et de liberté au niveau local » explique Bo Frank. « Nous avons les moyens au niveau local de changer les choses. Nous disposons de tous les outils dont nous avons besoin. Nous avons notre économie. Nous avons nos propres entreprises énergétiques, qui appartiennent aux villes. A Växjö, nous produisons notre propre électricité et nous alimentons en chaleur et en froid tous les habitants de la ville. Grâce au réseau, presque tous les habitants sont approvisionnés par des centrales renouvelables qui fonctionnent au biogaz et aux bioénergies. »
Les résultats sont impressionnants. Växjö a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 41 % entre 1993 et 2011 et les a encore réduit de 55 % en 2015. En 2014, les émissions de CO2 par habitant ne représentaient qu’un tiers de la moyenne européenne. Mais Växjö et les autres villes européennes peuvent aller encore plus loin. Bo Frank est très clair sur ce qu’il conviendrait de faire, selon lui, pour libérer pleinement le potentiel des villes en matière de durabilité.
« Je pense que le plus important est de reconnaître le niveau local. Parce que tout se joue là. C’est pourquoi l’Union européenne doit reconnaître l’importance du niveau local. Lui donner plus de pouvoir et plus de ressources. C’est essentiel. »
Mais y-a-t-il quelque chose en particulier que pourrait faire l’UE ?
« Pour moi, la meilleure chose à faire est d’augmenter la taxe carbone. En Suède, nous avons une taxe carbone depuis, je pense, 25 ans. Et nous sommes en train d’augmenter cette taxe, ce qui est très important pour rendre plus difficile et plus onéreuse l’utilisation des énergies fossiles. Il faut que les énergies fossiles coûtent cher et qu’il soit plus avantageux d’utiliser les énergies renouvelables. C’est la meilleure chose à faire. S’appuyer sur les lois du marché, augmenter la taxe carbone et donner plus de valeur aux énergies renouvelables ».
Bo Frank est également Vice-Président du Conseil d’administration d’Energy Cities.
Entretien réalisé en mars 2019