On parle peu d’amour, dans le cadre professionnel. On peut dire « j’aime mon travail » ou « j’aime beaucoup mes collègues » mais s’aventurer au-delà n’est pas dans notre culture. Et pourtant, « aimer » peut nous donner un élan nécessaire pour mener à bien la transformation de notre société.
Si nous ne ferons pas de l’amour un « outil indispensable des transitions », nous avons pourtant une conscience aigüe que la haine qui se développe, celle qui propage toujours plus la désinformation, celle qui déclenche toujours plus d’agressivité envers les élu·e‧s, doit être combattue, que la haine des un·e‧s envers les autres est un danger majeur pour la démocratie. La haine érode nos capacités d’entraide, de compréhension de l’altérité mais aussi notre respect envers notre environnement.
La Commissaire européenne à la cohésion régionale et aux réformes structurelles, Elisa Ferreira, a dévoilé les grandes lignes du 8e Rapport de Cohésion. Elle plaide pour des politiques européennes qui ne soient plus « aveugles » aux disparités régionales. Son mantra : « Do not harm cohesion » (« Ne pas nuire à la cohésion »). Ce n’est pas tout à fait une déclaration d’amour, mais placer au cœur de toutes les politiques européennes l’objectif de cohésion, c’est enfin reconnaitre que chaque territoire est différent. Que chaque territoire est influencé différemment par des injonctions de compétitivité, par les changements climatiques, par le déclin démographique. C’est toute une carte d’opportunités et de ressources, avec un nuancier quasi infini, qui est nécessaire pour décrire comment les politiques européennes « atterrissent » concrètement sur nos territoires. C’est un vrai changement, quasi copernicien, de ne pas imposer à tous les territoires un objectif unique (on se digitalise, on se spécialise pour être plus compétitif‧ve‧s… ). L’approche ici est d’avoir une ambition commune et de regarder ensuite ce que cela implique en termes de soutien dans chaque territoire (pour Energy Cities, nous irions jusqu’à dire « dans chaque quartier ») ! Je m’emporte peut-être… Peut-être que c’est le thème de ce mois qui me fait lire ces annonces en rose ! Je vois bien néanmoins qu’on continue à utiliser comme sempiternel critère d’évaluation la croissance… La croissance !
Le 8ème rapport de Cohésion (ces rapports tous les trois ans sont une obligation des Traités européens, tant la cohésion est une des missions premières de l’Union) est sans appel : il n’y a pas eu d’avancées significatives dans la dernière période. Prendre soin de tous les territoires, tisser les échanges économiques et culturels entre eux reste une nécessité absolue pour une Europe pacifiée**.
Trois questions seront bientôt mises en débat, qui promettent un profond changement de l’action européenne :
Cette conversation est prometteuse, elle pourrait donner un nouveau souffle pour une relation fructueuse (amoureuse ?) entre les territoires et l’Europe !
* L’auteur de ce magnifique titre est Brook Riley qui a récemment publié cet article https://www.euractiv.com/section/energy/opinion/from-brussels-with-love-the-secret-to-spending-the-recovery-fund/
** Il me faudrait surement un petit exercice psychanalytique pour tirer les fils de ce lien qui se fait automatiquement dans mon esprit entre le soin des relations et l’amour… mais ce n’est pas l’objet de cet édito ?)