Et si préparer l’avenir c’était prendre soin de nos héritages multiples, de la terre qui nous a été léguée ? C’est avec cette proposition que la Maire de Valence, en Espagne, a lancé l’année de la Capitale Verte européenne et la cérémonie de remise du label « Mission 2030 ».
Marìa-José Català, nous a raconté comment la gestion du territoire pendant la période des califats arabes a laissé, entre autres, un système d’irrigation unique, qui continue aujourd’hui de faire la fierté de la ville et la renommée de ces potagers et rizières, deux poumons verts de la ville. Ils ont aussi laissé en héritage un tribunal des eaux, de gestion de la ressource commune par les usagers qui reste un modèle de simplicité pour résoudre les conflits. Tellement efficace, qu’il est explicitement inscrit dans la Constitution espagnole que l’on ne peut faire aucun recours de ses décisions.
Valencia, c’est aussi 12 km de parc urbain, créé à l’issue d’une mobilisation sans précédent de la société civile dans les années 80 pour transformer le lit de la rivière Turia en un parc pour tous les citoyens, en lieu et place d’une grande autoroute urbaine comme on en construisait partout dans ces années-là.
La ville, les villes, sont le produit de ces mobilisations, de l’histoire, longue qui les traverse, des forces locales sur lesquelles s’appuyer pour les transformations à venir. Être capitale verte européenne est une grande responsabilité pour la Maire, celle de prendre soin de la terre de nos ancêtres. En plaçant notre action dans une continuité millénaire, tout en notant l’urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons, Valencia met le soin et l’héritage au cœur de ce défi. Pour le relever, les règles doivent être adaptées, la Maire a demandé au gouvernement de reconnaitre la Capitale verte comme un « Acontecimiento Excepcional de Interés Público » ; difficile de trouver l’expression exacte pour traduire ce concept, mais c’est une formule juridique qui permet d’octroyer aux entreprises qui s’investissent dans la démarche, un avantage fiscal. Cette « dérogation » avait été obtenue voila plus de dix ans par Vitoria, deuxième capitale verte européenne, et seule autre ville espagnole à avoir obtenu ce titre.
Et c’est bien de nouvelles règles fiscales et budgétaires dont nous avons besoin maintenant, la massification des projets de transformation qui décarboneront nos villes, notre économie, ne peut se faire avec des règles qui n’intègrent pas les coûts futurs de nos actions. Cela doit être une des priorités de la prochaine Commission, du prochain mandat du Parlement Européen.
Comment transformer nos territoires pour que dans mille ans, nos descendants puissent encore parler avec fierté de ce que nous aurons su laisser ? De quelles politiques européennes avons-nous besoin pour cela ? Voilà les questions que je vous invite à venir discuter avec toutes les villes membres d’Energy Cities et de la Mission Villes neutres en 2030 le 26 et 27 juin prochain … à Valencia !
* « The Good Ancestor« , un livre de Roman Krznaric