Pour devenir durable, l’Europe doit décarboner ses villes

Comment villes européennes ont réussi à transformer leurs réseaux de chauffage et de refroidissement.


Saviez-vous que la chaleur et le froid représentaient 50 % de la demande énergétique européenne et 80 % de la consommation énergétique des ménages ?

Lors du Forum annuel d’Energy Cities qui s’est tenu à Valence à la fin du mois de juin, partenaires, membres et villes ont partagé leurs stratégies de décarbonation de la chaleur et du froid, et évoqué les défis qu’elles amènent. Découvrez dès maintenant des récits de transformation réussie !

Il faut décarboner le secteur de la chaleur

Le 26 juin, notre session intitulée « Heating and Cooling Decarbonisation », coorganisée avec le projet REDI4HEAT et la Convention des Maires, était l’occasion de revenir sur les raisons qui expliquent le succès des villes à décarboner leurs réseaux. Il s’agissait notamment de souligner le rôle essentiel que joue la décarbonation de la chaleur et du froid dans la réduction de l’empreinte carbone totale du secteur de l’énergie en Europe.

Les villes montrent l’exemple

Au cours de notre session, nous avons étudié de plus près les stratégies de Vienne. La ville entend devenir neutre pour le climat d’ici 2040, en se concentrant notamment sur la décarbonation de ses systèmes de chaleur. À l’heure actuelle, plus de la moitié du chauffage de Vienne repose sur le chauffage par quartier, qui n’est pas totalement vert. Pour cette raison, la ville souhaite intégrer l’énergie géothermique et la chaleur résiduelle industrielle afin de rendre ses réseaux plus durables. Stephan Auer-Stüger, vice-président du comité pour le climat de Vienne, a expliqué la double stratégie de la ville qui consiste à abandonner le gaz d’ici 2040 et à mettre en œuvre le « Vienna Climate Guide », une feuille de route globale pour atteindre la neutralité climatique. De plus, la ville prépare l’installation d’une des plus grandes pompes à chaleur d’Europe, laquelle utilisera la chaleur ambiante provenant du traitement des eaux usées pour alimenter 112 000 foyers.

En Hongrie, la stratégie pour le chauffage urbain de Budapest consiste à adopter des sources d’énergie plus vertes, en dépit des difficultés, tels les changements constants de législation et la présence d’un gouvernement climatosceptique. L’actuel réseau de chauffage urbain, qui repose toujours sur le gaz naturel, est inefficace. Pour remédier à cela, la capitale hongroise compte réintégrer des bâtiments dans le système de chauffage urbain, développer des ressources géothermiques et exploiter la chaleur résiduelle des égouts. La ville souhaite que les sources géothermiques couvrent 12,3 % de son chauffage urbain d’ici 2030, et 17,6 % d’ici 2035.

En Allemagne, Munich projette pour son chauffage de passer du gaz naturel aux énergies durables. Aujourd’hui, le chauffage urbain représente un tiers du chauffage de la ville, alimenté principalement par des énergies fossiles et la chaleur résiduelle. Pour 2045, Munich mise sur la densification du chauffage urbain, sur le développement de l’énergie géothermique et sur la rénovation énergétique. La réussite de projets tels que la centrale géothermique de Sendling, d’une grande efficacité pour la production d’électricité et de chauffage, illustre les progrès de la ville en matière de décarbonation. 

Une expérience riche d’enseignements

Pour décarboner leurs systèmes de chaleur, les villes doivent impérativement instaurer un climat de confiance, avoir une connaissance précise des réseaux de chauffage locaux et mettre en œuvre des stratégies de rénovation globales. L’expérience de Vienne, Budapest et Munich met en évidence le besoin de proposer des approches sur mesure, d’impliquer les parties prenantes et de trouver des solutions innovantes pour atteindre les objectifs de décarbonation.

Comment impliquer les citoyens dans le chauffage urbain ? 

Impliquer les citoyens est essentiel pour garantir la réussite des projets de chauffage urbain. Bâtir la confiance et démontrer les avantages des systèmes urbains de chaleur et de froid permet de convaincre les habitants de s’impliquer activement. Ainsi, aux Pays-Bas, où la méfiance vis-à-vis du gouvernement est très marquée, la communication au niveau local, sur la fiabilité et le bien-être de la communauté, peut favoriser  un climat de confiance.

Le 27 juin dernier, de nombreuses stratégies pour l’engagement citoyen ont été évoquées lors de notre session intitulée « Let’s make it work ». Il s’agit notamment d’impliquer les habitants dès les premières prises de décision, de proposer des modèles de propriété tels que les coopératives, de recourir à des ambassadeurs de quartier et enfin d’informer, entre autres, les communautés vulnérables. 

Let’s make it work – Grafting Cities ©Santiago Vidal
Let’s make it work – Grafting Cities ©Santiago Vidal

Notre Forum annuel a permis de souligner le besoin absolu d’initiatives globales, communautaires, pour atteindre les objectifs européens en matière de décarbonation.

Vous voulez en savoir plus ? Inscrivez-vous dès maintenant à notre HUB « Villes et bâtiments sans énergies fossiles » !