Comment l’UE peut aider les villes à réduire la publicité

Les villes européennes prennent des mesures pour limiter l'exposition des citoyens à la publicité, mais elles ont besoin de réglementations claires et harmonisées pour soutenir leurs efforts.


Peut-on réguler la publicité au niveau de l’UE ?

Quel est l’état actuel des choses ?

Alors que de plus en plus de villes européennes ressentent le besoin de réduire la publicité dans leurs espaces publics, la Métropole de Lyon (France) nous propose un exemple inspirant. Chez Energy Cities, nous pensons qu’il est temps pour les institutions de l’UE de se pencher sur cette question et de soutenir les initiatives locales.


Repenser notre exposition à la publicité.

La publicité est partout. Sur les panneaux d’affichage dans nos rues, sur les bâtiments, sur des écrans géants. Ces espaces publicitaires, gérés par la collectivité locale ou par des entreprises privées, pourraient être libérés. Plusieurs villes européennes ont commencé à réfléchir à la place de la publicité dans l’espace public pour diverses raisons, notamment :

  • La dégradation du paysage urbain
  • La pollution lumineuse et la consommation d’énergie significative des panneaux numériques
  • Un contenu problématique soulevant des questions éthiques : sexisme, racisme, surconsommation.

Ces dernières années, des villes comme Nantes (France), Utrecht (Pays-Bas) et Cracovie (Pologne) ont pris des mesures pour réglementer et réduire la publicité extérieure. Certaines collectivités locales, comme la Métropole de Lyon, ont même choisi de l’interdire dans certaines zones notamment à proximité des écoles ou dans le métro. Philippe Guelpa-Bonaro, Vice-président de la Métropole de Lyon pour le climat, l’énergie et la réduction de la publicité, nous explique «  nous souhaitant réduire le nombre de panneaux publicitaires dans la métropole de Lyon d’au moins 75 % et leur taille maximale de 12 à 4 m². De plus, nous ne voulons plus de panneaux numériques dans les espaces publics, car ils attirent l’œil et captent notre attention sans notre consentement. »

Limiter, voire interdire la publicité n’est pas une tâche facile. Les collectivités locales font face à plusieurs obstacles : manque de réglementation claire, opposition de l’industrie publicitaire et contraintes budgétaires. La publicité reste en effet une source de revenus importante pour les villes.


Aucune législation européenne ne réglemente la publicité dans les espaces publics.

Certains États membres ont déjà développé leurs propres réglementations en matière de publicité extérieure. Par exemple, en France et en Allemagne, la publicité est généralement interdite en dehors des zones urbaines et réglementée par des lois régionales et locales à l’intérieur des villes. Mais cela ne suffit pas. Philippe Guelpa-Bonaro pense que l’on peut aller plus loin :  » En France, les collectivités ont le droit de réglementer la dimension et le nombre de panneaux publicitaires, mais pas le contenu. […] On a fait la loi Evin dans les années 90 pour réduire la publicité pour l’alcool et le tabac ; pourquoi n’aurait-on pas une loi pour interdire la publicité pour les produits ou services qui aggravent le changement climatique ? Ou pour permettre aux territoires de pouvoir agir sur le contenu des publicités dans leur mobilier urbain et en général sur leur territoire ? »

Il n’existe pas encore de loi européenne sur la publicité extérieure. Pourtant, intensifier les efforts à ce sujet permettrait de protéger les consommateurs, de favoriser le marché intérieur et d’encourager les États membres à atteindre les objectifs en matière d’économie d’énergie et de climat. Au cours des dernières années, certains députés européens, comme le Français David Cormand (Les Verts), ont proposé des motions et des amendements pour interdire la publicité pour les produits fossiles – malheureusement, la plupart d’entre eux ont été rejetés.

En réfléchissant avec ses membres, Energy Cities a rédigé quelques suggestions à intégrer dans les futures discussions européennes :

  • Réguler le contenu des publicités en interdisant les produits ou services liés aux combustibles fossiles et en donnant la priorité aux entreprises locales plutôt qu’aux services de commerce en ligne et aux produits des multinationales.
  • Définir une luminosité, une consommation d’énergie et une taille maximales pour les panneaux lumineux.
  • Interdire la publicité dans certaines zones critiques (centres historiques, écoles, etc.).
  • Standardiser les tailles maximales pour tous types de panneaux publicitaires dans toute l’UE.

Mais les villes peuvent déjà agir !

Bien que la capacité des villes à légiférer sur la publicité doive être accrue, de nombreuses villes européennes ont commencé à réduire la publicité, souvent par le biais de réglementations sur l’espace public. La Métropole de Lyon, Bruxelles, Cracovie, Grenoble, Nantes et Bratislava, peuvent servir de modèle pour d’autres collectivités locales qui souhaitent agir.

En attendant que l’UE avance, les villes peuvent suivre la suggestion de Philippe Guelpa-Bonaro qui propose d’engager le dialogue avec les citoyen.ne.s. « Au moins 80 % de nos concitoyen.ne.s sont favorables à la réduction de la publicité. Cela aide beaucoup lorsqu’il s’agit de convaincre les professionnels et les autres élu.e.s de mettre en œuvre des mesures pour réduire la publicité. »

Lisez l’interview complète de Philippe Guelpa-Bonaro ici.

Curieux d’en savoir plus sur la sobriété et les mesures nécessaires pour améliorer le bien-être des citoyens ? Lisez notre manifeste ici et inspirez-vous du travail réalisé dans d’autres villes ici.