Pas de sécurité alimentaire sans production locale

La nouvelle vision de l’UE pour l’Agriculture et l’Alimentation abandonne la stratégie Farm to Fork


À propos

Date de publication

03 mars 2025

Après le Dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture de l’UE en 2024, le premier exercice de ce genre, la Commission européenne a publié le 19 février sa vision de celle-ci et comment les politiques agricoles de l’UE seront conçues pour être mises en œuvre.

Quelle est notre analyse ? Tout d’abord, l’objectif général reste de fournir de la nourriture pour tous. La sécurité alimentaire est en tête de l’agenda, au même titre que la sécurité énergétique et l’accès aux matières premières. L’accès aux ressources essentielles est désormais LA priorité de toutes les politiques de l’UE. Fait intéressant, la semaine suivante, l’organisation française Terre de Liens, dont la mission est d’assurer l’accès à la terre pour les agriculteurs, a publié un rapport montrant comment les politiques actuelles portent en réalité un préjudice considérable à notre “souveraineté” et à notre capacité de production alimentaire. En France, 43 % des terres agricoles sont consacrées à la production alimentaire destinée à l’exportation.

La vision proposée pour les politiques alimentaires et agricoles de l’UE ne suggère pas un autre modèle. La vision Farm to Fork a complètement disparu. Mais il en va de même pour d’autres ressources. La Commission européenne a proposé un Plan pour une énergie abordable le même jour que son Pacte industriel propre. Ce plan ne mentionne pas la réduction de notre demande ni la production locale d’énergies renouvelables ; au contraire, il met l’accent sur une production accrue d’énergie “européenne”, principalement grâce au nucléaire et aux grands parcs éoliens offshore.

Je comprends que, malgré plusieurs chocs majeurs portés au dogme du “libre-échange”, il n’est pas facile de changer complètement les mentalités. Mais le Dialogue stratégique sur l’agriculture a prouvé que, en réalité, le secteur est bien plus prêt que les décideurs ne le sont à opérer un véritable changement qui permettrait de régénérer nos sols, produire ce dont nous avons besoin et arrêter de gaspiller nos terres et notre nourriture !

Construire la sécurité alimentaire et la résilience grâce aux marchés territoriaux” : tel était l’appel du comité international d’experts sur l’alimentation. La sécurité et la souveraineté alimentaire reposent sur la relocalisation de notre production ! Mais ce n’est pas ce que propose la vision de l’UE pour l’alimentation et l’agriculture !