Tisser des liens

Edito politique


À propos

Date de publication

17 avril 2025

Notre forum annuel vient de se clôturer, nous avons fait le plein d’énergie, reboosté nos batteries pour une nouvelle année d’aventures communes ! Nos membres sont exceptionnels de détermination, de générosité, d’inventivité, et chaque année, c’est avec bonheur que nous renouons nos liens et que nous en tissons de nouveaux.

Au détour d’un des nombreux débats, Tristan Riom, Vice-Président de Nantes Métropole nous a rappelé que pour Bruno Latour dans Où suis-je ? « Être libre ne veut plus dire s’affranchir de toutes les chaînes, mais reconnaître celles dont on ne peut se passer. » D’où la nécessité de tisser des liens, de les nourrir. Et au moment où la souveraineté est devenue la priorité absolue de l’Union européenne, réinvestir le thème de nos interdépendances est crucial !

Traditionnellement, la souveraineté est pensée comme une forme d’autonomie absolue : l’individu, le peuple ou l’État souverain ne dépendrait de personne pour prendre ses décisions, fixer ses lois, contrôler ses ressources.

Bruno Latour, dans un monde marqué par le dérèglement climatique, les pandémies, les chaînes de production globalisées, montre que cette vision de la souveraineté est devenue obsolète. On ne peut plus prétendre à l’indépendance dans un monde saturé d’interactions systémiques.

Pour Bruno Latour, la véritable souveraineté consiste aujourd’hui à savoir de quoi – et surtout de qui – on dépend. Ce n’est pas sortir des dépendances, mais les choisir consciemment.

Ainsi, la résilience ne réside pas dans l’indépendance, mais dans la reconnaissance et le choix conscient de nos dépendances. En identifiant ce dont nous dépendons, nous redéfinissons notre territoire et notre place dans le monde.

Cela implique un changement de paradigme : on passe d’une souveraineté comme détachement à une souveraineté comme capacité à tisser des liens soutenables, durables et assumés :

  • Une « communauté souveraine » ne cherche pas à s’isoler : elle organise ses interdépendances (nourriture, énergie, soin…) pour ne pas être à la merci de systèmes destructeurs ou lointains.
  • Une « personne souveraine » est celle qui choisit ses alliances, ses outils, ses réseaux de soutien – au lieu de croire qu’elle est indépendante.

Cet agenda est bien plus enthousiasmant que de penser un retranchement derrière nos frontières à tous les niveaux.

Nos trois jours d’échanges et de liens n’ont fait que renforcer cette conviction !