Les municipalités ont un rôle à jouer dans la promotion de la production et de la consommation alimentaire locale durable

Le quatrième parcours de notre forum annuel a présenté des initiatives inspirantes


Les communes reconnaissent la nécessité d’élaborer des plans de production alimentaire locale axés sur la durabilité afin de garantir la sécurité alimentaire, de préserver les sols et de réduire la pollution. Des campagnes de sensibilisation sont également menées pour informer les citoyens et citoyennes de l’importance des circuits courts et des bienfaits pour la santé de la consommation d’aliments frais produits de manière durable.

Les systèmes alimentaires locaux et durables sont nécessaires

Les villes ont des feuilles de route pour devenir plus résilientes et durables et l’alimentation en est l’un de leurs piliers. Actuellement, les circuits sont longs, ce qui les rend très polluants et coûteux. Le développement de ceintures vertes pour augmenter la production locale et permettre aux citoyen·nes de développer leurs compétences agricoles est une pratique qui est de plus en plus répandue. Le projet alimentaire territorial (PAT) de Besançon est un bon exemple, car il reconnaît que l’agriculture est l’un des premiers secteurs économiques à être touché par les conséquences du changement climatique en raison des fortes pluies et des sécheresses, parmi d’autres facteurs de risque. Il met également l’accent sur la sécurité et la souveraineté alimentaires, ainsi que sur les problèmes de santé liés à la consommation d’aliments ultra-transformés.

Parmi les formidables initiatives développées par le Grand Besançon Métropole (GBM), on trouve la pépinière Graines de maraîchers, un site de production maraîchère biologique. Les participant·es du Forum annuel 2025 d’Energy Cities ont pu la découvrir lors du parcours 4 dédié à cette thématique. La ville était représentée par Françoise Presse, conseillère municipale en charge de l’alimentation et de l’agriculture et Julie Faure, responsable du service environnement. Les travaux de la pépinière ont été présentés par Laure Paveau, directrice des Jardins de Cocagne et Vincent Girard, fondateur de Coopilote. Prisca Van Paassen, chef de projet chez ADEME Bourgogne Franche-Comté et Madeleine Charru, co-fondatrice de l’Alliance pour les transitions alimentaires et agricoles (ALTAA) ont parlé de l’importance de ce type d’initiatives en France.

La pépinière offre aux maraîchers la possibilité de tester leur activité agricole à une échelle réelle entre un et trois ans. Ils bénéficient de l’appui technique de Coopilote, une coopérative qui offre un soutien à la gestion d’entreprise, des Jardins de Cocagne, une équipe de travailleurs sociaux et d’encadrants techniques, qui les aide à développer leurs compétences, ainsi que de la Chambre d’agriculture à la fin de leur projet. La pépinière produit également des légumes que les citoyen·nes peuvent acheter sur place et propose des programmes spécifiques pour les familles à faibles revenus.

Le Jardin Cocagne fournit des légumes à 450 familles par semaine, tous biologiques. Nous avons des paniers solidaires financés par les autorités locales pour soutenir les familles les plus pauvres, qui paient environ 30 % du prix.

Vincent Girard, fondateur de Coopilote

Des organismes nationaux financent également ce type d’initiatives, comme l’ADEME, l’Agence française pour la transition écologique, qui soutient des projets alimentaires dans la région de Besançon, en Bourgogne-Franche-Comté. Ils visent à renforcer la capacité des collectivités locales à atteindre la souveraineté alimentaire à long terme.

L’objectif est de parvenir à la souveraineté alimentaire.

Prisca Van Paassen, Chef de projet – ADEME Bourgogne Franche-Comté

Le rôle des autorités locales dans le secteur alimentaire

Le parcours incluait un atelier de témoignages, Les autorités locales en tant que moteurs du changement dans le secteur alimentaire, qui s’est focalisé sur le rôle des autorités locales dans les systèmes alimentaires. Des représentant·es d’associations et de villes en Belgique, France, Allemagne, Portugal et Suisse ont donné leur avis sur le sujet et présenté leurs projets réussis. Tous et toutes ont souligné l’importance de collecter des données sur la consommation alimentaire afin de mieux répondre aux besoins des citoyen·nes en respectant en même temps l’environnement.

La production alimentaire est une question fondamentale et les villes devraient en tenir compte lors de l’élaboration de nouvelles politiques.

Sandra Hook, responsable de l’environnement à la ville de Fribourg

Alizée Marceau, coordinatrice chez ALTAA, a souligné l’importance d’analyser comment et où les aliments sont produits, leur qualité et la manière dont ils sont distribués. Elle a également indiqué que pour élaborer de nouvelles politiques, il est essentiel de comprendre les facteurs qui influencent les choix des consommateurs, à savoir le pouvoir du marketing et de la publicité et les représentations sociales autour de l’alimentation. Adelina Paula Mendes Pinto, maire adjointe de Guimarães, Capitale verte de l’Europe 2026, a ajouté que les actions de développement durable menées par la ville sont centrées sur l’alimentation. Elle a également souligné que des données supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les habitudes alimentaires et éviter le gaspillage de nourriture.

Le consommateur est responsable de sa consommation alimentaire et de nombreux facteurs influencent ses choix. Il est important de les identifier pour développer de nouveaux cadres qui encouragent la consommation d’aliments locaux.

Alizée Marceau, coordinatrice chez ALTAA

Tristan Riom, vice-président de Nantes Métropole, chargé de l’agriculture, du changement climatique, de la résilience, de l’alimentation et de la transition énergétique a indiqué que leurs recherches montraient la diminution progressive des terres agricoles et les problèmes de pollution. Au cours des dix dernières années, la perte de terres agricoles a été de 10 % et un tiers des territoires dotés d’une exploitation agricole vont changer de propriétaire, ce qui pourrait entraîner une réorientation de leur activité économique. L’utilisation de pesticides et la pollution causée par les grandes industries agricoles affectent également la production alimentaire, c’est pourquoi les actions de Nantes visent à s’attaquer à ces problèmes urgents.

Sensibiliser les citoyens et les citoyennes pour accélérer le changement

La sensibilisation des citoyen·nes aux avantages d’une production alimentaire locale durable, non seulement pour l’environnement, mais aussi pour leur santé, est également essentielle. Stéphanie Scailquin, échevine en charge de l’urbanisme et la transition écologique de Namur a parlé du Plan Air Climat Énergie 2030 de la Wallonie. 10 % des actions incluses sont axées sur la production et la consommation d’aliments durables. Il a servi de référence pour planifier les actions de la ville afin de sensibiliser la population.

La ville organise des événements pour encourager la consommation d’aliments locaux et met l’accent sur les quartiers les plus défavorisés, qui n’ont généralement pas les moyens d’accéder à des aliments de qualité. Un marché de producteurs locaux se trouve à proximité de l’un de ces quartiers et des ateliers de cuisine sont organisés pour les habitants. Des moratoires sur le fast-food ont également été mis en place et un conseil consultatif a été créé pour garantir la participation des citoyens à l’élaboration des politiques.

Sandra Hook, responsable de l’environnement à la ville de Fribourg a expliqué comment les techniques de gamification sont utilisées pour sensibiliser à l’importance d’une alimentation durable et locale. La ville sélectionne également des points dans la ville, magasins, restaurants ou bars, pour servir et vendre des aliments durables.

Reconnaissant l’importance d’acquérir de bonnes habitudes dès la petite enfance, la ville de Genève s’efforce d’offrir une alimentation de qualité et durable dans les crèches et les cantines scolaires et mène des campagnes de sensibilisation auprès des équipes de cuisine. Céline Burki, adjointe de direction en charge de l’alimentation et des services à l’enfance de la Ville de Genève a également présenté le Genève Région – Terre Avenir, qui permet d’identifier les produits agricoles de la région genevoise. Il s’applique à tous les produits, à tous les stades de la transformation, du champ à l’assiette.

Un atelier sur l’intelligence collective a marqué la fin du parcours. Les intervenant·es et les participant·es ont travaillé en petits groupes pour présenter les défis à relever et discuter des solutions possibles. Connaître les initiatives développées par ces différentes villes est important pour les municipalités afin de comprendre leur propre contexte et leurs besoins et de développer des actions sur mesure pour accélérer le changement.