Carlos Moreno, franco-colombien, est Professeur des Universités et un scientifique humaniste mondialement reconnu pour son expertise autour du concept de la « ville intelligente humaine ».
Considérer que la ville serait intelligente en développant des solutions fortement technologiques, et que ces dernières pourraient apporter des solutions à des problèmes complexes, sans impliquer les citoyens, conduit à une impasse. D’autant plus que les citoyens d’aujourd’hui disposent de moyens techniques pour s’informer et se mobiliser au quotidien. Via les réseaux sociaux, il est possible de rassembler dans la rue des centaines de milliers de personnes en quelques heures à peine. C’est là un moyen de pression très fort des habitants sur les élus locaux et plus largement sur les gouvernements nationaux.
Il faut comprendre que le rapport entre administrés et gouvernements change sous l’effet de ces technologies, et que la gouvernance et la manière de faire de la politique changent aussi. Il y a clairement une évolution par rapport à la démocratie représentative traditionnelle. Donner du sens à la ville, à l’heure de la transition énergétique, des énergies décentralisées, de nouvelles mobilités, du développement de circuits courts, est avant tout un fait social. Sans cette mise en cohérence – qui est une vraie priorité aujourd’hui – nous allons nous couper de l’adhésion citoyenne indispensable pour opérer un changement de fond car le cœur de la valeur est dans les usages, dans la création de valeur sociale ; il n’est pas dans la technologie elle-même.
Aux quatre coins du monde, ces espaces urbains doivent aujourd’hui faire face à cinq grands défis s’ils veulent répondre aux besoins et aux attentes de tous leurs habitants : environnemental, économique, social, culturel, et de résilience.
Il est essentiel qu’un projet de ville intelligente puisse se construire sur le long terme, dans une durée qui dépasse celle de la mandature des maires. C’est cette continuité qui viendra renforcer le projet commun, l’implication des populations et des partenaires, l’identité de la ville. Un autre élément essentiel est la capacité à faire évoluer nos modèles de gouvernance. Sortir de la verticalisation monofonctionnelle technique pour penser les évolutions urbaines de manière intégrée et globale. Laisser de la place à l’initiative citoyenne en ayant toujours en tête que le maire est là pour donner une vision, cadrer le développement et favoriser l’expression de la vie dans la ville dans ses multiples formes pour façonner cette approche de ville ouverte, participative, vivante et créative.
Pour réussir leur transition, les villes doivent s’appuyer sur des écosystèmes dynamiques. Il est crucial que l’ensemble des acteurs concernés, sur toute la chaîne de valeur, puisse converger afin d’assurer une construction sur le long terme. Car il ne s’agit pas d’un simple effet de mode : c’est en les prolongeant dans le temps que nous pourrons voir les potentialités transformatrices des apports de tout un chacun pour que la ville et l’ensemble des espaces urbains deviennent une plateforme de transformations à ciel ouvert.
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