Cela peut paraitre étrange de commencer l’année en plein confinement dans toute l’Europe par une newsletter thématique sur la mobilité. Non, non, nous n’avons pas choisi d’être ironiques, l’idée n’est pas de créer encore plus d’envie de s’évader que nous en avons déjà… Nous souhaitons plutôt décrypter les enjeux de la mobilité urbaine post-crise sanitaire, avec pour horizon non pas de grands espaces sauvages mais la neutralité carbone (quoique les deux soient peut-être synonymes !).
Un excellent article de Manel Ferri Tomàs, responsable mobilité de l’Agence Climat de Barcelone, résume parfaitement les évolutions des transports urbains. En premier lieu, il rappelle que la pollution en ville est responsable de 400 000 morts prématurées par an en Europe. Toute comparaison avec la pandémie actuelle serait stérile, mais il est clair que l’invisibilité des morts est un frein à l’action publique.
Cet article rappelle également qu’en proportion, la fabrication d’1 million de voitures nécessite 1,6emplois et la fabrication d’1 million de vélos 4,89 ! Réduire la vitesse des voitures en ville a par ailleurs de très nombreux effets secondaires positifs, en plus de faire décroitre les émissions polluantes.
C’est un peu comme pour la rénovation des logements : il n’y a que des effets positifs, c’est économiquement bénéfique, cela créé des emplois, notre confort en est amélioré… Pourtant il semble impossible d’accélérer le rythme.
Mais pourquoi donc ?
Je n’ai pas la prétention de vous donner la réponse, seulement deux pistes sur lesquelles nous voulons travailler avec nos villes membres cette année.
Il faut donner du sens à l’action, et bouger les acteurs. Prenons l’exemple de la rénovation des bâtiments. Elle fait l’objet de l’une des 7 initiatives phares (flagship) des plans de relances nationaux, destinés à déployer le dispositif européen de 672,5 milliards d’euros (Recovery and Resiliency Facility). Et cette initiative a été nommée « RENOVATE ». Ça vous donne envie, à vous ? Par contre, si l’on propose de débrancher notre chauffage de sa dépendance aux énergies fossiles, de rendre les maisons « zéro énergie fossile » ou même « zéro gaz », pour laisser le gaz aux secteurs qui en ont vraiment besoin, alors, au moins, j’ai une idée de ma destination ! En tant qu’usagère et en tant que citoyenne. Je peux relier ce but à un agenda commun.
Il faut des changements institutionnels très profonds pour penser les interrelations, comprendre les interactions. Demander au service des voiries de penser la fin des routes, c’est possible mais cela ne va pas de soi. Et quand c’est toute la ville, toute la société qui sont pensées pour la voiture, que celle-ci a marqué les moindres recoins du plan d’urbanisme, du tourisme, de l’imaginaire…, il faut détricoter bien plus que le nombre de places de parking. Manel Ferri Tomas cite la nouvelle loi française de la mobilité qui impose aux grandes entreprises de développer un plan de mobilité domicile-travail : la politique mobilité passe par de nouveaux acteurs. L’entreprise avait pour habitude de demander les infrastructures publiques nécessaires à son fonctionnement, c’est maintenant les entreprises qui sont des pièces de la politique publique de transport.
Cette année, pour notre santé, on opte pour la mobilité !