Le mois de novembre 2024 marque le retour de Trump au pouvoir. Reflet d’une ‘trumpisation’ du monde. Aucun territoire ne semble immun, c’est une contagion planétaire, accompagnée d’une collision tout aussi généralisée entre politique et médias. L’État de droit qui fonde nos démocraties modernes se base sur une séparation des pouvoirs, il ne peut se passer de médias et d’une justice indépendante. Avoir pour Ministre de la réduction des dépenses publiques, le propriétaire multi milliardaire d’un réseau social le plus utilisé…c’est abyssal.
Parce qu’elle est une construction complexe, très complexe, les équilibres politiques ne sont pas joués d’avance, et les intérêts populistes nationaux ne peuvent pas toujours être alignés. C’est une chance d’avoir un Parlement européen diversifié, des histoires nationales enchevêtrées, une culture commune, des institutions solides défendant un Traité, une charte des droits fondamentaux, capable de proposer des réponses aux catastrophes sanitaires, tout comme aux enjeux de long-terme.
L’Union européenne fait de l’État de droit une condition sine-qua non de l’accès aux fonds européens, demandant, par exemple, à la Hongrie de revoir certaines de ses lois les plus liberticides. Avec un succès très mitigé…
Mais si nous regardons plus loin : comment garantir un État de droit si les municipalités n’ont pas les moyens nécessaires de leurs missions ? L’État de droit ce n’est pas seulement une séparation de pouvoirs, mais c’est aussi que chaque niveau de gouvernement puisse agir. Avec les associations de collectivités, nous souhaitons inclure cette dimension dans les prochains débats : le renforcement de la démocratie ne pourra pas se faire qu’au niveau national, il doit s’appuyer sur un équilibre entre les responsabilités et les moyens de tous les niveaux de gouvernement au risque sinon de générer impuissance et donc populisme.
Il nous reste aussi à investir dans la démocratie du quotidien, celle qui nous touche, celle qui nous responsabilise. Nombreuses sont les villes membres d’Energy Cities à avoir organisé une assemblée citoyenne et toutes ont salué les propositions émises. C’est un processus qui demande un fort investissement de la collectivité et des participant.es, mais dont tous les protagonistes, administration comprise, ressortent transformés. Les exemples au niveau régional, national ou européen ne montrent pas autre chose : prendre le temps d’un débat pluraliste et éclairé génère ambition et compréhension mutuelle. Les propositions sont souvent plus ambitieuses qu’un classique compromis politique, mais sont rarement ‘disruptives’, plutôt pragmatiques et raisonnables dans leur ensemble, et pourtant elles vont bien plus loin que les actions en cours. Ce qui me marque le plus dans l’analyse de quelques exemples (nous vous préparons une petite publication succincte à ce sujet pour Noel) c’est la réaction des citoyen.nes quand les enjeux sont vraiment présentés dans leur complexité, mais aussi leur gravité. Chacun de nous, avons des intuitions, nous sentons bien les grands changements de notre environnement social et naturel, prendre le temps pendant les assemblées citoyennes de bien comprendre les mécanismes à l’œuvre et le lien entre les nombreux enjeux, agit comme un révélateur.
Cela révèle surtout que les solutions existent, qu’elles vont au-delà des bâtiments et de la mobilité. Et qu’elles vont nécessiter beaucoup beaucoup de transformation, et pour cela, il faut des budgets, des temps dédiés, des espaces, des formations…. de transformations.
Le dernier exemple en date est celui conduit par la Ville de Lyon…pour son administration. La 3CA (Convention Citoyenne pour le Climat des Agents-3CA) ; je pourrais résumer ici les principales recommandations émises par un panel tiré au sort de tous les fonctionnaires de la ville. Mais ce serait réducteur, tant le processus est aussi important que la production finale. La Ville de Lyon a pris le temps de documenter chaque étape et la Convention a été très loin dans la définition précise de chaque proposition, des conditions de réalisation, du calendrier possible…de transformation.
Explorez le résultat, laissez-vous inspirez.
Cet exercice est reproductible dans tous nos lieux de travail, il peut questionner les missions de n’importe quelle structure.
Non, la démocratie n’est pas morte.