Grève Mondiale pour le Climat

Les maires de 8 000 villes européennes réclament un "test climat" pour les budgets nationaux et européen


À propos

Date de publication

23 septembre 2019

Communiqué de presse

Faire passer les budgets au « crash test » du climat est le meilleur moyen de s’assurer que les gouvernements ne dépensent plus un euro qui contribuerait à accélérer le changement climatique.

À l’occasion de la grève mondiale pour le climat, des dirigeant(e)s locaux représentant le mouvement européen de la Convention des Maires ont uni leur voix pour réclamer que les budgets nationaux et européen soient soumis au « crash test » du climat. C’est là le meilleur moyen de s’assurer que tout est mis en oeuvre pour atteindre les objectifs pris par l’UE dans le cadre de l’Accord de Paris sur le Climat : tenir la promesse d’une Union européenne neutre en carbone en 2050, et éviter que des actifs échoués tels que les investissements dans les énergies fossiles ne survivent malgré leur obsolescence.


Qu’est-ce que le « crash-test » climat (Climate Proofing)?

Interview d’Adrian Hiel – Politiques européennes & Communication @Energy Cities (en anglais)

Il s’agit d’analyser chaque euro engagé et dépensé et de lui assigner une valeur en émissions de CO2. De cette façon, les dépenses des gouvernements réalisées dans d’autres services que celui de l’environnement ne viennent pas contrecarrer les investissements engagés pour limiter et combattre le changement climatique.

En pratique, cela signifie supprimer les dépenses dans les énergies fossiles et donner la priorité aux dépenses consacrées à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables, qui vont réduire les émissions et permettre un usage raisonné des ressources.

Imposer une validation des budgets au regard des enjeux climatiques est un moyen concret de changer notre façon d’investir, et de remettre en cause notre modèle économique, tout en respectant les engagements de l’Accord de Paris. C’est aussi un mécanisme qui se révèlerait utile dans le suivi annuel des progrès réalisés. En tant qu’élus locaux, nous avons vocation à apporter notre soutient à la Commission européenne dans la réalisation de nos ambitions communes.

Juan Espadas, Maire de Séville (Espagne) et membre du Conseil européen de la Convention des Maires

Paris a d’ores déjà adopté une stratégie visant la neutralité carbone à l’horizon 2050, et le succès de cette stratégie dépend de notre capacité à traduire ces ambitions par une analyse des budgets sous l’angle de l’impact climatique. Nous attendons des dirigeant(e)s européen(ne)s le même engagement que celui que nous portons à l’échelle locale.

Célia Blauel, Adjointe à la Maire de Paris (France) et membre du Conseil européen de la Convention des Maires

Aujourd’hui, nous manquons cruellement de cohérence dans nos investissements au niveau européen. D’un côté nous remuons ciel et terre pour soutenir financièrement la transition énergétique, et de l’autre côté nous poursuivons les investissements traditionnels de projets basés sur les énergies fossiles, ce qui nous éloigne de l’objectif d’une Europe renouvelable.

Prof. Dr. Eckart Würzner, Maire de Heidelberg (Allemagne) et membre du Conseil européen de la Convention des Maires

A la lueur de l’immense défi climatique qui s’impose à nous (limiter le réchauffement à 1.5°C d’ici 2100), nous, maires européen(ne)s, nous joignons aux mouvements menés par nos concitoyen(ne)s les plus jeunes, pour exiger des actions concrètes et immédiates. Nous ferons notre part en intensifiant nos efforts afin d’emmener nos villes, et ainsi l’Europe, vers la neutralité carbone. Nous serons là pour prendre part au pacte écologique devenu nécessaire, un pacte tourné vers l’innovation, le développement durable, et la promesse d’opportunités pour les générations futures.

Andreas Wolter, Maire de Cologne (Allemagne) et membre observateur du Conseil européen de la Convention des Maires.

Qu’en est-il de l’argent ?

Le Climate proofing devrait être la pierre angulaire du « Pacte Vert » que la nouvelle Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a promis de mettre en place dans les 100 premiers jours de son mandat.

Actuellement, la position de la Commission européenne est de porter les dépenses liées au climat à 25% dans le prochain cadre financier pluriannuel 2021-2027, soit environ 320 milliards d’euros. Toutefois, l’impact de cette somme sera réduit si par ailleurs l’UE continue à soutenir des projets qui contribuent à émettre des gaz à effet de serre. Selon les chiffres d’Eurostat, les dépenses des gouvernements en Europe ont atteint les 45,8% du PIB en 2017, soit un total de plus de 7 milliards d’euros.

Il s’agit du mécanisme le plus puissant dont nous disposons pour garantir que l’Europe vive selon ses limites en matière de CO2, et s’assurer que l’argent dépensé dans la lutte contre le changement climatique soit aussi efficace que possible.