Juin 2024, Nouveau mandat sans renouveau (ouf)

Edito politique


À propos

Date de publication

13 juin 2024

Tous les pronostics annonçaient une catastrophe électorale qui verrait l’extrême droite remplir l’hémicycle. Le pire ne s’est pas produit. C’est finalement un Parlement européen relativement stable qui conduira le prochain mandat. Relativement, parce que le « Green deal bashing » a fait des dégâts dans le groupe des Verts. 20 députés de moins dans les dernières estimations, c’est une grosse perte. Ce groupe aura été un artisan infatigable des législations climat pendant les 3 derniers mandats.   

La réalité politique de 27 pays est très contrastée et l’analyse appelle à la nuance. Dans une excellente enquête du journal « Le Monde » sur l’euroscepticisme en Europe, sur la base de données régionales, les auteurs dressent une cartographie du vote eurosceptique tout autre. Ce ne sont pas « les Hongrois » (par ailleurs autre bonne nouvelle de ces élections, le net recul de Victor Orban) qui votent contre l’Europe, ou les ouvriers pauvres du Sud de l’Italie ; ce sont les régions où le sentiment de déclassement est le plus prégnant. Pour les auteurs, l’autre facteur d’explication est le sentiment d’être méprisé par des élites déconnectées, de ne pas être pris en compte dans les décisions.

Cela n’a donc pas grand-chose à voir avec le Green Deal, comme le note Laurence Taubiana, ce sont les questions de pouvoirs d’achat, de prix de l’énergie qui importent. Le lien avec le sentiment de mépris ou de déclassement a été outrageusement utilisé, en faisant campagne contre une élite qui dicterait aux zones périurbaines d’installer des pompes à chaleur comme seule réponse aux coûts d’énergie exorbitants.

Dans un récent entretien intitulé « Pourquoi le vert embrase-t-il tout ? » Jean-Marc Jancovici, s’appuie sur les résultats de la Convention Citoyenne pour le Climat (organisée en France en 2020). Il note que les citoyen·nes ont tout de suite mis en évidence les incohérences des discours « politico-médiatiques » ; que les transitions proposées ne peuvent faire l’impasse sur le monde physique, et ce sont ces discours « impossibles » qui créent le sentiment d’angoisse du futur, le sentiment que les élites dirigeantes sont déconnectées et donc incapables de nous diriger.

C’est au sentiment de déclin et à celui de ne pas être entendu, que nous devons répondre pour contrer durablement des projets de sociétés « anti-cohésion » et « anti-terrestre » ; des projets de retour aux frontières nationales. C’est face aux incohérences d’un discours politique qui nous ferait croire que tout est possible, sans prendre en compte les limites physiques de notre système terrestre, que nous devons opposer des trajectoires réalistes.

Pour cela, proposer à chaque territoire d’organiser une convention citoyenne d’un futur possible ! 

Et si le pire n’était pas la couleur de l’hémicycle, mais plutôt la tentation de surtout ne rien changer dans les politiques européennes ? Il faudra utiliser cette stabilité pour renforcer la démocratie, pour impliquer en profondeur les citoyen·nes européen·nes.