Les 1er et 2 octobre, le média européen Politico a accueilli à Bruxelles le Competitive Europe Summit, réunissant responsables politiques, journalistes et expert·es pour débattre de la compétitivité de l’Europe. Les discussions ont porté sur la sécurité économique, la défense, l’intelligence artificielle et le changement climatique. Parmi les différents panels, l’un d’eux s’est concentré sur la sécurité alimentaire : « La nouvelle équation alimentaire : sécurité et durabilité ».
Dacian Cioloș, ancien Premier ministre de Roumanie et ancien commissaire européen à l’agriculture et à l’alimentation, a souligné l’écart entre la rhétorique de la Commission européenne et ses propositions politiques concrètes. Il a averti que ce décalage risquait de déstabiliser les marchés et d’aliéner le monde agricole.
Selon Cioloș, la vision de l’UE pour l’agriculture doit se traduire par une proposition budgétaire concrète, apportant aux agriculteurs et agricultrices clarté et dignité. Il a appelé à davantage d’incitations à l’innovation et à la numérisation, à des systèmes de paiement plus équitables entre les États membres, ainsi qu’à une planification à long terme alignant les politiques commerciales sur les objectifs climatiques et énergétiques.
Il a également mis en évidence plusieurs vulnérabilités de l’agriculture européenne :
Pour y remédier, Cioloș a insisté sur la nécessité d’assurer des revenus stables, un meilleur accès aux marchés et une approche pragmatique, incluant un soutien fondé sur des données concrètes pour les petits et moyens agriculteurs ukrainiens après la guerre.
Marco Contiero, directeur de la politique agricole européenne chez Greenpeace, a reconnu que certaines propositions politiques récentes étaient prometteuses — en particulier la proposition de PAC post-2027, qui prévoit un mécanisme permettant aux agriculteurs·rices d’élaborer des plans de transition approuvés vers des pratiques plus durables ou plus respectueuses de l’environnement.
Cependant, il a averti qu’une grande partie du budget continue d’être attribuée aux agriculteurs·rices sans lien avec leur performance environnementale, tandis que les mesures vertes obligatoires ne bénéficient encore que d’une faible part des financements.
Concernant la résilience, Contiero a souligné que l’Europe devait développer des systèmes agricoles capables de résister aux sécheresses, aux inondations et aux autres événements climatiques extrêmes. « Si votre système est résilient, vos plantes le seront aussi », a-t-il déclaré — ajoutant que trop peu de personnes abordaient cet aspect du débat, notamment dans le contexte des nouvelles techniques génomiques (NGT).
Cependant, le débat n’a pas permis de répondre à la question du futur des systèmes alimentaires dans l’UE. Comme l’a rappelé la présidente de la Commission européenne dans son discours sur l’état de l’Union en septembre, la sécurité énergétique est étroitement liée au développement d’une énergie produite localement. De la même manière, l’UE a encore besoin d’une politique agricole qui favorise une production alimentaire locale et durable.