Les banquiers seraient-ils les héros des temps modernes ?

Comment la BEI peut aider à sauver l’ Europe


À propos

Auteur

David Donnerer

Date de publication

05 avril 2019

Trois éléments sont nécessaires pour éviter un changement climatique catastrophique : la technologie, la volonté politique et les moyens financiers. Nous avons la technologie et nous travaillons sur la volonté politique (merci l’Allemagne !), reste l’aspect financier. En fait, l’important n’est tant de savoir où placer notre argent mais de décider où ne PAS investir. Alors que la BEI vient de lancer une consultation publique sur ses priorités de financement, trois possibilités s’ouvre à elle pour devenir le héros dont nous avons besoin pour lutter contre le changement climatique en Europe.

1- Désinvestir des énergies fossiles

Entre 2013 et 2017, la BEI a accordé des prêts pour la somme astronomique de 11,8 milliards d’euros à des projets dans les énergies fossiles – une pratique qui doit cesser si elle veut honorer les Accords de Paris. Les mégaprojets gaziers soutenus par la BEI comme le gazoduc transadriatique (TAP) ou le gazoduc transanatolien (TANAP), dans lesquels la BEI a englouti quelques 4 milliards d’euros, appartiennent au passé et n’ont plus leur place dans un portefeuille d’investissement compatible avec l’Accord de Paris. Au lieu de financer les énergies fossiles, la BEI doit réorienter l’intégralité de son portefeuille de prêts vers les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et le stockage de l’énergie.Comme vous pourrez le voir sur le site de notre campagne commune “Pour une BEI zéro fossile”, nous demandons à la BEI de se désengager totalement des projets en lien avec ces sources d’énergie.

ENC Manifesto EIB

2- Simplifier l’accès au financement pour les collectivités locales

Les collectivités locales jouent un rôle essentiel dans la transition énergétique. C’est pourquoi la BEI doit leur facilité l’accès à ses financements. Cela pourrait être fait de deux manières : premièrement en simplifiant les demandes de financement dans le cadre de l’instrument d’assistance technique phare de la BEI, à savoir ELENA, et deuxièmement en abaissant le seuil minimum d’investissement autorisé afin de permettre aux collectivités locales de toute taille d’accéder aux services de la BEI. Beaucoup de collectivités locales peinent encore à profiter pleinement des possibilités offertes par ELENA et les autres mécanismes de financement de la BEI, ce qui les empêche de progresser aussi rapidement qu’elles le souhaiteraient dans leur transition énergétique.

3- Accroître les investissements dans le chauffage et le refroidissement durables

Le chauffage et le refroidissement représentent la moitié des consommations finales d’énergie en Europe, et la décarbonisation de ce secteur constitue donc une étape essentielle vers une transition énergétique réussie. Par ailleurs, une grande partie de l’énergie primaire utilisée pour produire de la chaleur et du froid provient d’énergies fossiles, et notamment le gaz. C’est pourquoi la BEI doit soutenir davantage les systèmes de chauffage et de refroidissement durables qui fonctionnent avec des énergies renouvelables et illimitées. En outre, la BEI doit soutenir de nouveaux projets d’intérêt commun non connectés aux réseaux d’électricité, comme les infrastructures thermiques intelligentes par exemple.

La BEI est la plus grande institution mulitilatérale de prêts et la principale source de financement de la lutte contre le changement climatique au monde, et à ce titre, sa politique de prêts dans le domaine de l’énergie se doit d’être un exemple à suivre pour les autres organismes bancaires publics. La Banque a également pour mandat de soutenir la politique de l’Union européenne en matière d’énergie et de climat, et notamment la réalisation de ses objectifs à l’horizon 2030, y compris la mise en œuvre du train de mesures « Une énergie propre pour tous » récemment adopté. Or l’approche de la BEI vis-à-vis de la transition énergétique et climatique repose toujours sur des critères d’octroi des prêts en matière énergétique établis en 2013 et désormais dépassés du fait de l’adoption de l’accord mondial de Paris sur le climat.