J’aurais pu vous parler du dernier épisode de la bataille budgétaire européenne. Mais je vous laisse les découvrir ci-après…Je peux juste vous dire que cela va dans le bon sens, et que le Parlement européen a pu obtenir quelques timides avancées vers une approche territoriale pour le futur budget 2028/2034.
Mais c’est plutôt une tendance inverse, celle d’une re-centralisation de tout le projet européen, qui m’inquiète et qu’il nous faut contrer au plus vite.
Celle d’une contradiction croissance entre les discours et les moyens. Un abysse est en train de se creuser. Toujours plus d’obligations pour les autorités locales ; toujours plus de responsabilités, et toujours moins de moyens. En Belgique, la UVCW (Union des villes et des communes wallonnes) note la préoccupante baisse des budgets des communes en discussion au Parlement fédéral. Ce budget 2026 toujours en négociations, fera peut-être tomber le gouvernement. Difficile de ne pas voir le parallèle avec la situation française. Mais ce ne sont pas les deux seuls pays concernés, en Allemagne, en Hongrie… c’est le même effet ciseaux qui s’opère, moins de ressources, plus de besoins. En Belgique, ce sont les « 4 P » qui plombent les finances municipales : Pompiers, Police, Pensions, Précarité.
Partout, les mêmes variables d’ajustement pour le budget national : on réduit les capacités des autorités locales. Mais aussi celles d’autres « instruments » de politiques locales, qui permettent de mettre en œuvre les stratégies, de mettre au travail les conflits et d’orienter l’action publique : des agences exécutives en particulier l’ADEME et la récente lettre de son Président, des institutions scientifiques, ou encore les instances de débats. Sans parler des réductions de l’accès à une information de qualité, ou d’une culture vivante et accessible.
Ce sont toutes ces briques qui constituent les bases de nos démocraties (avec l’Education, la Justice, l’Etat de droit, que je n’aborderais pas ici). La démocratie se délite d’abord parce que les besoins basiques de chaque citoyen·ne ne sont pas couverts : logements inabordables, factures d’énergie impayables, alimentation et eau qui rendent malade. L’accès aux soins, aux conseils, aux produits de première nécessité qui deviennent inaccessibles….
Réduire au silence les scientifiques, ne pas instruire les dossiers qui permettraient aux petites entreprises de s’adapter ; aux citoyen·nes de s’organiser pour produire localement ; anéantir les capacités des collectivités de transformer le territoire pour le rendre résilient, robuste et réduire les coûts de la vie, aujourd’hui et dans le futur, c’est tout simplement saper la démocratie, le vivre ensemble, le débat…
La Commission Européenne a bien conscience du délitement de la démocratie. Elle a publié la semaine dernière son « Bouclier démocratique » : un bon début pour renforcer l’indépendance des médias, la lutte contre les fake-news et autres manipulations de l’opinion. Elle prône la « whole society approach » : constat que la démocratie, c’est chacun et chacune d’entre nous qui doit le défendre.
Mais, aucun lien n’est fait avec les politiques budgétaires nationales, celles-là même qui sapent les propres capacités institutionnelles de garantir les services publics, les conditions de vie minimum, et le sentiment d’être partie prenante. Pour cela, il faudrait de toute urgence mettre la démocratie au cœur du prochain budget européen !