Comment l’Union européenne peut-elle aider les villes à faire face à la crise du logement ? Partout en Europe, les prix s’envolent et il devient de plus en plus difficile de trouver un logement abordable.
Bien que le logement ne relève pas des compétences de l’UE, les attentes sont élevées concernant le futur Plan européen pour le logement abordable (European Affordable Housing Plan), attendu début 2026. Les gouvernements locaux se mobilisent déjà pour que cette initiative reflète leurs réalités, corresponde à leurs ambitions, et aille au-delà du simple échange de bonnes pratiques.
C’est dans cet esprit que nous avons voulu offrir à nos membres la possibilité de s’adresser directement à la Commission européenne et de faire entendre leur voix. Il y a quelques jours, des dirigeants municipaux venus de toute l’Europe ont rencontré Matthew Baldwin, chef de l’équipe spéciale sur le logement de la Commission européenne, pour approfondir le sujet, proposer des solutions et partager leurs expériences locales.
Pour Jürgen Czernohorszky, conseiller municipal exécutif de Vienne, le logement abordable est « essentiel pour la cohésion sociale, le succès du Green Deal, mais aussi l’avenir de la démocratie ». La ville combine un important parc de logements sociaux avec une stratégie “housing first”. Elle intègre le logement abordable dans son plan de sortie du gaz en cours de déploiement, protégeant les ménages des prix de l’énergie élevés et instables, et donnant la priorité à la rénovation pour une résilience à long terme. Le plan européen ne doit pas non plus oublier la question du rafraîchissement comme élément clé de logements et de villes habitables.
Dennis de Vries, maire adjoint d’Utrecht, a mis en garde contre les approches qui sacrifient la durabilité à la rapidité : « Nous ne voulons pas compromettre la qualité pour des gains à court terme », a-t-il déclaré, plaidant pour une construction biosourcée, circulaire et pensée pour l’avenir, qui réponde à la fois aux objectifs climatiques et sociaux.
Tristan Riom, vice-président de Nantes Métropole, a également appelé à des critères stricts d’utilisation du foncier pour éviter de reproduire les erreurs d’après-guerre : « Construisons là où l’on a déjà construit, et pas sur nos terres naturelles ».
Le Conseil d’administration pousse pour la rénovation, l’utilisation des bâtiments et espaces vacants ou sous-utilisés pour proposer davantage de logements abordables et sociaux, ainsi que le développement de nouvelles règles urbaines et d’idées innovantes. Stephan Brandligt, membre du conseil d’administration de Klimaatverbond, a partagé ses préoccupations : « Une des causes de la crise du logement, encore absente du débat, est le nombre moyen de personnes par logement. Aux Pays-Bas, les incitations financières favorisent la vie en solitaire plutôt que le partage » .
Budapest a exprimé une inquiétude claire : que le plan de l’UE soit trop axé sur le partage de bonnes pratiques, sans transformation de l’architecture de financement pour soutenir les collectivités les plus sous pression. « La répartition géographique de la pression sur le logement ne correspond pas aux indicateurs classiques de développement régional. Il faut en tenir compte », a fait valoir Bálint Misetics, conseiller du maire de Budapest.
Tristan Riom de Nantes Métropole a souligné le décalage entre ambition et capacité de mise en œuvre : « Nous devrions faire 10 000 rénovations par an en France. Nous n’en faisons que 4 000. Le principal obstacle n’est pas lié aux règles d’autorisation, mais au manque de personnel dans les administrations publiques. L’UE nous aidera-t-elle à recruter les agent.e.s nécessaires ? »
Les membres du conseil d’administration et représentant.e.s d’autres collectivités présentes ont appelé à un soutien accru de l’UE pour renforcer les capacités administratives locales et à ce que les investissements dans le logement soient intégrés dans des stratégies sociales, énergétiques et urbaines plus larges.
Le Plan européen pour le logement abordable devrait être présenté début 2026, à l’issue des consultations et travaux préparatoires en cours. Bien qu’il ne doive pas introduire de nouvelle législation, les collectivités locales espèrent qu’il servira de tremplin pour une coopération renforcée, un financement simplifié, et des outils concrets pour accélérer la rénovation, la densification et les initiatives de logement social.
Energy Cities continuera de travailler pour que les collectivités locales puissent influencer l’agenda logement de l’UE et que le lien entre justice sociale et action climatique reste au cœur de la transition.
« Si nous ne fournissons pas un logement décent, durable et abordable, notre démocratie s’effondrera » – Jürgen Czernohorszky, Vienna