De nouvelles boussoles locales pour les politiques territoriales

« Les nouveaux indicateurs territoriaux doivent façonner et guider les politiques publiques. »


À propos

Date de publication

08 mars 2023

Pour le cinquième webinaire de notre série Sufficient Cities, nous avons reçu les représentants de trois entités publiques et privées françaises : la 27e Région, un laboratoire français de transformation publique et d’innovation sociale, Quadrant Conseil et l’administration métropolitaine de Grenoble-Alpes Métropole.

Pas de solution miracle à un problème systémique

La 27e Région mène un programme intitulé « Nouvelles Mesures ». Ce dernier explore différentes approches et outils de gestion à utiliser pour prendre des décisions locales dans le respect des limites de notre planète. Selon Jean Laudouar, du laboratoire de transformation publique, « il n’existe pas d’outil miracle face à une question systémique telle que le changement climatique. En effet, indicateurs et outils ne sont pas neutres. Ils représentent une certaine vision du monde, mais ils peuvent aussi permettre d’influencer l’élaboration des politiques ».

Certaines collectivités locales repensent déjà leur manière d’agir. Ainsi, la ville de Bourg-en-Bresse a réalisé une étude sur le changement climatique dans son budget municipal sur la base de huit critères. Cette étude a révélé que seulement 5,5 % des dépenses de la ville pour 2022 ont un impact négatif sur l’environnement, tandis que 13,5 % ont même un impact positif. De plus, lorsque la ville contracte un prêt bancaire, le critère environnemental a le même poids que le critère financier. À cet effet, la ville a collaboré avec la communauté d’agglomération du bassin de Bourg-en-Bresse et dix banques volontaires pour évaluer leur politique environnementale.

Découvrez la brochure présentant ses différents outils et approches en cliquant ici.

Le bien-être au service des politiques locales

La méthodologie IBEST est le fruit d’une longue contestation face à la manière dont les systèmes de données représentaient les données locales. Début 2000, Grenoble-Alpes Métropole, en collaboration avec l’agence d’urbanisme, la ville et l’université, avait entamé une réflexion sur les indicateurs utilisés pour le suivi des politiques publiques. Cette réflexion a abouti à la création d’IBEST, indicateurs d’un bien-être soutenable et territorialisé.

L’objectif principal était d’intégrer le concept de « bien-être » dans les politiques locales en définissant ce qui a de la valeur, y compris pour les éléments qui ne peuvent être monétisés. Il a donc fallu définir huit dimensions du bien-être durable : travail et emploi, affirmation de soi et engagement, démocratie et vivre ensemble, environnement naturel, santé, accès et recours aux services publics, temps et rythmes de vie, biens de subsistance.

C’est une équipe diversifiée de personnes qui a défini ces indicateurs, en s’appuyant sur une approche bottom-up, sur des questionnaires qualitatifs, sur la participation des citoyens et sur la contribution des élus et des acteurs du monde des affaires. Le cadre IBEST permet d’établir un portrait social non conventionnel de la ville tous les cinq ans.

La prochaine grande étape pour le cadre IBEST et tous les outils alternatifs présentés par la 27e Région consiste à passer de l’observation à l’évaluation et à la conception d’une nouvelle logique de politique publique. Jusqu’à présent, aucun outil alternatif n’a permis d’interpeller ni d’influencer les décideurs politiques à grande échelle. Ces nouvelles approches, qui mettent la durabilité et le bien-être au cœur des politiques locales (et nationales), n’orientent pas encore les prises de décisions, et elles ne sont pas perçues comme des outils de décision budgétaire. Les élus locaux seraient bien avisés d’anticiper les impacts du changement climatique en commençant à intégrer de nouveaux indicateurs pour la prise de décisions avant d’y être contraints.

Visionnez le replay du webinaire ICI (en anglais)