Les autorités locales ont un rôle primordial à jouer dans le cadre des politiques énergie-climat et de la transition énergétique vers un modèle économe, efficace et durable. Néanmoins, elles ne peuvent agir seules. Elles ne maîtrisent souvent qu’un pourcentage infime des émissions de gaz à effet de serre sur leur territoire et ce pourcentage dépasse rarement le quart. Compter sur l’engagement des acteurs du territoire est donc primordial. C’est également un gage d’innovation et d’actions ambitieuses.
Comment stimuler cet engagement ?
Ces dernières années ont vu le développement d’un grand nombre d’initiatives locales qui contribuent à la transition énergétique des territoires, qu’elles soient portées par des citoyens, des acteurs économiques ou d’autres acteurs locaux. Ces initiatives sont fondées sur
« l’empowerment», processus par lequel on acquiert du « pouvoir d’agir », ainsi que sur des outils et des approches innovants tels que l’économie sociale et solidaire, la mobilisation des parties prenantes, le financement participatif, les coopératives énergétiques citoyennes ou encore les fab labs.
Des initiatives pour la transition énergétique existent sur tous les territoires, qu’elles soient portées par des acteurs individuels, du secteur privé ou public, et qu’elles soient à but lucratif ou non. Plusieurs questions se posent alors. Comment massifier les initiatives innovantes existantes portées par les acteurs du territoire ? Comment créer une émulation et un effet boule de neige afin de généraliser la transition énergétique à tous les acteurs ?
La vision « Delft energy neutral 2050 »
La ville de Delft (100 000 habitants) a eu une politique énergétique active depuis les années 1990, ce qui lui a permis de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 15% entre 1990 et 2012. En 2011, elle saute un pas considérable en adoptant l’ambition de devenir une municipalité énergétiquement neutre en 2050 et dans cette optique, elle vise à réduire les émissions de GES de la ville de 35% entre 2012 et 2020.
Cela entraîne la nécessité d’un changement d’approche. En effet, la municipalité n’a une influence directe que sur 2% des émissions du territoire, qui représentent les émissions liées à la consommation des bâtiments et des équipements municipaux. La municipalité de Delft a ainsi opté pour une approche novatrice, dans la mesure où elle passe d’un rôle de lancement d’initiatives à un rôle de facilitation. Elle remarque en effet un nombre grandissant d’initiatives pour le développement durable lancées par des entreprises ou des citoyens sur son territoire. Alors que de plus en plus de citoyens ressentent le besoin d’être moins dépendants des grandes entreprises énergétiques en se fournissant en énergie eux-mêmes, les entreprises tentent de réduire leurs coûts liés aux énergies fossiles et sont également de plus en plus nombreuses à attacher de l’importance à l’impact écologique de leur activité. Il existe ainsi un véritable courant en faveur d’une « économie verte » basée sur des solutions innovantes et une utilisation responsable des ressources disponibles.
Pour la ville, il s’agit alors de favoriser la responsabilisation de ces acteurs engagés, en leur donnant une plus grande prise sur l’interprétation des objectifs fixés ainsi que sur les moyens de les atteindre.
Plymouth Energy Community
À Plymouth (261 500 habitants), au sud-ouest de l’Angleterre, le conseil municipal a lancé un projet innovant de participation de la communauté à la politique énergétique en 2013. Préoccupé par la précarité énergétique et les émissions de gaz à effet de serre sur son territoire, le conseil municipal décide de conférer plus de pouvoir décisionnel à la communauté au travers d’une société à bénéfice communautaire dédiée à l’énergie, qui permet par la même occasion de transformer la manière dont les citoyens achètent, utilisent et génèrent de l’électricité dans la ville de Plymouth.
Cette initiative est née d’une véritable volonté politique. Elle s’inscrit dans les 100 promesses du conseiller municipal Tudor Evans, articulées autour de 10 domaines prioritaires : l’économie et l’emploi, la lutte contre le crime, la jeunesse, l’environnement, les transports, le logement, le sport et la culture, l’image de la ville, le bien-être des habitants et la transparence du gouvernement local. Ces promesses soutiennent toutes le développement d’une structure qui fournit des services, redonne du pouvoir aux citoyens locaux et stimule l’économie.