La circularité permet d’économiser les ressources et peut trouver des applications dans de nombreux domaines. Les pratiques circulaires locales ont d’ailleurs été au centre de la dernière conférence d’Energy Cities. Lors de la session consacrée aux leaders de la transition, trois projets urbains se sont distingués par leur utilisation circulaire de l’espace et des biens. Nous vous invitons à les découvrir ci-après.
Bâtiments, livres et balcons : la circularité ne connaît pas de limite à Porto
Le processus a commencé en 2016 lorsque la municipalité, soutenue par l’agence locale de l’énergie, a convié un large éventail de parties prenantes locales à se réunir autour d’une table. Au fil des divers ateliers, les participant·es ont défini ensemble la stratégie 2030 de la ville. Comme l’a expliqué Rui Pimenta, de l’agence de l’énergie de Porto, plusieurs mesures ont émergé de ce processus, dont le réemploi que Porto essaie de mettre en avant chaque fois que cela est possible.
Les bâtiments sont au cœur de cette action. La municipalité essaie en effet toujours d’optimiser l’utilisation des bâtiments publics avant d’en construire de nouveaux. Elle propose ainsi gratuitement des espaces à des associations lorsque les bâtiments ne sont pas entièrement occupés, ou la possibilité d’y mener des activités culturelles comme des concerts, par exemple.
Porto possède également ce qu’elle appelle une « banque de matériaux », un lieu destiné à sauvegarder l’étonnant patrimoine architectural et industriel de la ville. Les éléments de construction comme les céramiques, les balcons en fer forgé ou encore les décorations en plâtre qui rendent l’architecture de Porto si particulière sont collectés par les employé·s municipaux·ales dans les bâtiments dégradés, destinés à être rénovés ou voués à la destruction. Ils sont ensuite fournis gratuitement aux habitant·es qui les utilisent pour restaurer des bâtiments anciens dans la ville. Grâce à cette banque, depuis 1987, 14 700 pièces ont été utilisées pour restaurer 270 bâtiments.
D’autres initiatives inspirantes ont également vu le jour :
Revitalisation des espaces vacants dans la Région de Bruxelles-Capital : deux visions
En tant que promoteur immobilier et principal propriétaire foncier de la région, l’organisme public Citydev.brussels est confronté au dilemme du manque d’espace malgré la présence de biens vacants. Martine Gossuin, Directrice du Département Stratégie et Support au Développement de Citydev.brussels, en charge du développement urbain de la Région de Bruxelles-Capitale, a expliqué comment concilier les deux. Une vacance prolongée, surtout lorsqu’il s’agit d’anciens bâtiments industriels, entraîne souvent des dégradations et de l’insécurité. Pour surmonter ce problème, Citydev.brussels investit dans leur occupation temporaire et expérimentale par des start-ups. L’objectif est de revitaliser ces espaces disponibles en permettant aux PME et autres entreprises locales d’occuper d’anciens bâtiments à un prix inférieur au marché.
L’intérêt est énorme. Chaque année, cet acteur public reçoit environ 110 demandes d’occupation temporaire. Récemment, un guichet unique a été mis en place afin de simplifier l’accès à l’information pour les porteur·euses de projet, qu’iels soient propriétaires d’un bien ou à la recherche d’un lieu pour installer une activité temporaire. Ce guichet unique s’adresse aussi bien au secteur public qu’aux propriétaires et promoteurs privé·es. Un site internet est également disponible pour rapprocher l’offre et la demande (https://occupationtemporaire.brussels/).
Les lieux vacants sont également à l’honneur avec Comuna, une ONG basée à Bruxelles. Son cofondateur, Sâm Rosenzweig, a donné son point de vue d’acteur local. Selon lui, la Région de Bruxelles-Capital regorge d’espaces vacants et compte jusqu’à 30 000 logements vides, soit 10 % du parc de logements sociaux (pour une surface totale de 6,5 millions de m²). Une campagne locale a même été lancée par des acteurs·rices locaux·ales pour s’assurer que tous ces espaces vides soient mis au service d’objectifs sociaux et durables (https://www.leegbeek.brussels/about). Cela semble fonctionner puisque certains espaces sont actuellement occupés par des entreprises du secteur de l’économie sociale ou pour des ateliers d’artistes.
L’ambition de Comuna est de mettre ces espaces au service des personnes qui en ont le plus besoin. Par ailleurs, contrairement à Citydev.brussels, Comuna vise à passer d’une occupation temporaire à une occupation transitoire. L’objectif est en effet d’anticiper l’utilisation future d’un espace et d’y installer des activités de façon pérenne. Ce faisant, l’occupation transitoire devient un outil de transition démocratique impliquant tous les acteurs et actrices en présence. Un bon exemple est le bâtiment « La Serre » qui appartient à la municipalité d’Ixelles, une commune de la région de Bruxelles-Capitale et qui a trouvé une nouvelle vie depuis 5 ans maintenant. Au départ, la municipalité a offert un petit budget à Comuna pour rénover l’espace vide. Puis l’ONG l’a transformé en un espace polyvalent comprenant des logements, des bureaux, des ateliers d’artistes, un atelier de réparation de vélos et même une cuisine communautaire où des repas sont préparés à partir de restes et offerts aux personnes dans le besoin.
Comuna est également l’un des fondateurs du réseau européen (informel) « Social Temporary Use Network » qui rassemble divers acteurs dans ce domaine pour partager des expériences et plaider pour une action plus forte au niveau local.
Ces exemples, et bien d’autres, seront partagés, discutés et développés au sein du nouveau Hub d’Energy Cities intitulé « Sobriété et justice sociale au cœur de l’économie locale ». Inscrivez-vous dès à présent pour accéder à cet espace communautaire dédié (gratuit pour les membres) et recevoir notre bulletin d’information (gratuit pour tous).