Voilà comment je résumerais la proposition de budget européen présentée le 16 juillet.
La présentation de la structure du budget a pris la forme d’une avalanche de textes législatifs qui laissent une impression confuse de ne pas savoir quelle direction nous allons prendre, ni la nature du projet européen. L’idée qui prédomine est que nous devons investir dans notre sécurité, que les dangers prennent des formes multiples et qu’il faut pour cela laisser une grande flexibilité dans l’allocation des ressources et surtout, qu’il faut laisser chaque État Membre décider de son chemin. Le projet européen tendrait donc vers une grande renationalisation, pas seulement de la politique agricole commune, historique pilier de l’Union européenne, mais aussi de la politique de cohésion. Un oxymore donc : comment faire cohésion en fragmentant ?
Du coté des bonnes nouvelles : 35% du budget au moins devra être affecté à l’environnement et au climat (cela inclus le nucléaire); un principe de ‘climate resilience by design’… Sont donc prévus des investissements massifs dans les infrastructures énergétiques, principalement pour les interconnections transfrontalières.
La transformation territoriale pourra être financée par le Fonds Compétitivité, à condition d’être innovante… Mais elle ne devient pas le cœur d’une nouvelle vision de la prospérité que seules toutes les technologies propres peuvent apporter.
Jusqu’alors, le projet européen, c’était d’investir massivement dans la convergence et de permettre à tous les territoires de profiter des innovations et des apprentissages des autres régions. Le programme Interreg continuera, mais rien n’est dit des autres initiatives.
Pour le reste, le pilier de la cohésion est fondu dans un grand « Fond » dépensé via des enveloppes nationales. Et comment seront définies les priorités ? Comment faire remonter les besoins des territoires ? Quels mécanismes de sélection ? S’agira-t-il d’une négociation entre le Ministère du budget de chaque État et la Commission européenne ? …
Les questions se multiplient et les espoirs reposent maintenant sur les négociations à venir.