Regardez par la fenêtre et essayez de mémoriser tout ce que vous voyez : une rue, un trottoir, des voitures garées, peut-être un parc, des arbres, une poubelle, des bâtiments, des insectes, des fumées, des toits, des camions, des bus, des oiseaux. Il y aussi tout ce que vous ne voyez pas : les égouts, les câbles de télécommunications, les fils électriques, les conduits souterrains et bien d’autres encore. Tous seront modifiés, améliorés ou tout simplement supprimés par le Pacte vert pour l’Europe. Un Pacte dont la mise ne œuvre sera, en grande partie, laissée à la charge des villes.
C’est trop, beaucoup trop. C’est comme vouloir vider l’océan avec une petite cuillère.
Le Pacte vert pour l’Europe répond à un besoin fort et les membres d’Energy Cities se réjouissent que l’Union européenne se mette au diapason et soutienne les ambitions de nos villes les plus avancées. Mais alors que bon nombre de nos membres en sont déjà à planifier les changements vertigineux qui devront être apportés, de nombreuses villes se trouveront tout simplement débordées par l’amplitude et la complexité de la tâche à accomplir.
C’est pourquoi les villes doivent avoir leur mot à dire lors de l’élaboration des plans nationaux pour la relance et doivent pouvoir bénéficier d’un accompagnement structurel de l’UE pour mettre en œuvre le Pacte vert. 40 maires de France, le maire de Varsovie, le maire de Križevci (Croatie) et membre du Conseil d’administration d’Energy Cities ,Mario Rajna, Budapest et bien d’autres encore en sont arrivés à la même conclusion.
Des plans nationaux pour la reprise et la résilience sont en cours de réalisation conformément aux orientations données par l’UE le mois dernier. Mais ces orientations pâtissent d’un grave défaut : elles ne reconnaissent pas l’importance des villes dans la planification et la réalisation des objectifs des Etats en matière de relance.
Si l’on regarde les sept domaines phares mis en avant par l’UE, au moins cinq impliquent directement les villes :
Regardez de nouveau par la fenêtre et imaginez les travaux nécessaires pour installer un réseau de chauffage urbain tandis que tout le quartier fait l’objet d’un vaste programme de rénovation. Quelques mois plus tard, ce sont des bornes de recharge pour véhicules électriques que l’on installe. Puis c’est au tour du réseau local d’électricité d’être modernisé pour faciliter les projets d’énergie citoyenne, entraînant de nouvelles tranchées. Le revêtement de la rue est ensuite entièrement refait pour créer une voie protégée réservée aux vélos. Sans compter le PLU qui devra être modifié pour améliorer la biodiversité et mettre en œuvre l’initiative de la ferme à l’assiette.
Les avertissements de la science sont clairs sur le peu de temps qui nous reste pour éviter les pires effets du changement climatique. Nous avons une fenêtre de tir très étroite pour refaçonner nos villes correctement, de manière juste et durable.
Le niveau de planification, de responsabilité et d’expertise nécessaire pour mener de front ces mesures du Pacte vert et créer un paysage urbain harmonieux nécessite un accompagnement structurel et spécifique de l’Union européenne. L’instrument EU City Facility offre un bon exemple de la manière dont l’UE peut apporter son soutien, mais à une échelle bien plus grande et plus diversifiée. Les villes européennes ont en effet besoin d’un accompagnement structurel ambitieux, à la hauteur des ambitions du Pacte vert lui-même.