Arrêtons d’essayer de faire mieux les mauvaises choses, commençons simplement à faire les choses bien !

Edito politique par Claire Roumet


À propos

Date de publication

12 novembre 2020

Entre une pandémie, une crise sociale et économique sans précèdent, une incertitude démocratique grandissante et toujours le même défi climatique, il semble que soit venu le temps de regarder en face tous ces défis dans leur ensemble, et de proposer un changement systémique. Cela vous semble radical ? Pourtant ce n’est pas de moi ! C’est en quelques mots la préface rédigée par la Présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, pour le dernier rapport du Club de Rome « Une boussole pour le changement systémique ».

Pour les 30 ans d’Energy Cities, nous avions prévu de revoir notre chartre, notre stratégie. Nous n’avions pas prévu que cet exercice se ferait dans de telles circonstances. Ni que la Commission européenne préface un rapport qui pourrait être notre boussole !

Nous sommes dans une gestion de crises permanentes, les latentes, celles à venir, celles déjà là. Et les maires sont comme toujours en première ligne, debout. Partout, ils et elles s’organisent et échangent. Cette « coopération renforcée » pose les bases d’une forme d’action nouvelle. Une façon de faire que peuvent connaitre aussi les directeurs·rices d’hôpitaux, d’écoles qui doivent adapter leurs institutions à l’impensé. La force des acteurs locaux, sera toujours de connaitre au mieux les ressources disponibles, les réseaux de la société civile sur lesquels s’appuyer, de savoir comment mettre en lien les initiatives spontanées avec les structures existantes pour multiplier leur impact. La force des municipalités, c’est de constituer un terrain fertile où pousseront les solutions. Ce terrain, ce sont toutes les institutions qui ensemble constituent le socle de notre système démocratique et social. Ce que propose le rapport du Club de Rome, près de 50 ans après le rapport Meadows, n’est rien de plus que d’intégrer réellement les limites de la planète dans l’économie, et pour cela, de travailler à de nouveaux écosystèmes économiques, de nouvelles organisations, de nouvelles relations entre les secteurs, les institutions, les acteurs et d’articuler ces relations autour de nos besoins fondamentaux (et donc réduits), pas de « besoins superficiels »

Pourtant, si ce n’est rien de plus, cela reste aux antipodes de la façon dont les politiques sont organisées. Par exemple, la Commission européenne a publié le même jour un appel d’offre pour le développement de réformes structurelles des gouvernements nationaux d’un montant de 340 millions d’euros. Je doute que cette nouvelle boussole soit utilisée pour sélectionner les bureaux de consultants qui auront la tâche de réformer les États et toutes les collectivités territoriales…La récente proposition de « vague de rénovation » dont nous parlons plus en détails dans ce numéro de notre newsletter, n’intègre pas non plus de vision systémique et risque fort de se heurter aux mêmes obstacles que les précédentes initiatives.

Une approche par secteur ne permettra pas de relever les défis transversaux. Ni une approche nationale. Les solutions nécessitent que soient articulées différentes politiques et différents niveaux d’action. Et que chaque écosystème se mettent en réseau pour répondre à d’autres défis encore. Quand les villes aujourd’hui mettent en commun leur expérience quotidienne de la gestion de crise, c’est la création d’un écosystème.  Ces échanges vont non seulement faciliter l’action de chacune des villes, mais aussi agir comme les spores des champignons et préparer le terrain (local, et intra-local) à accueillir de nouveaux écosystèmes.

Jusqu’à une période récente, les métropoles étaient en concurrence entre elles, dans l’objectif d’être bien identifiées sur la carte mondiale des villes dynamiques. Tendance amplifiée par des politiques européennes favorisant la spécialisation en cluster. Voilà que la crise sanitaire, mais aussi la crise climatique, renforcent au contraire la coopération entre les territoires. Et si chaque ville doit définir sa propre stratégie de résilience, elles peuvent partager leur savoir, leurs doutes et avancer ensemble. Les villes ont une longue histoire commune d’échange et de partage, leur collaboration est naturelle.

Les villes en réseau sont un écosystème riche, base des transitions à venir. Nous avons encore beaucoup à discuter avec nos villes membres !