L’hydrogène a depuis longtemps
été identifié comme une alternative aux combustibles fossiles. D’abord dans
les années 70, notamment au Japon, puis à nouveau dans les années 2000. Mais le récent « engouement pour
l’hydrogène » intervient dans un contexte différent : la technologie
est désormais plus avancée et les coûts diminuent.
Il existe clairement aujourd’hui une fenêtre politique au niveau européen pour faire entrer l’hydrogène
dans le paquet de mesures « Ajustement à l’objectif 55 » et certains
États membres ont déjà intégré l’hydrogène dans leur plan de relance post-COVID.
Cette fenêtre représente une opportunité
économique pour plusieurs industries, notamment celles qui utilisent
l’hydrogène comme matière première (industries chimique et sidérurgique, par
exemple).
Energy Cities souhaite porter le débat au niveau local afin de
comprendre comment l’hydrogène peut
contribuer à décarboner les villes et quels sont les défis à relever pour les
collectivités locales. Les villes ont en effet besoin de connaître la
stratégie de l’UE en matière d’hydrogène et de savoir dans quelle mesure elles pourront utiliser cette
énergie pour couvrir une partie de leurs besoins et comment celle-ci sera
acheminée et distribuée afin de préparer au mieux leurs projets futurs.
Principales conclusions :
- L’hydrogène
peut s’avérer très utile pour aider à réduire
les émissions des secteurs les plus difficiles à décarboner dans les
villes, tels que les industries lourdes ou les transports (transport maritime,
ferroviaire). L’hydrogène est également une énergie aisément mobilisable qui
peut être utilisée à la demande pour équilibrer les réseaux électriques en
milieu urbain. Des politiques visant à
donner la priorité à son utilisation dans ces secteurs sont donc nécessaires.
- L’hydrogène n’est pas la solution miracle
pour décarboner le chauffage dans les villes : son utilisation pour le
chauffage domestique n’est ni efficace, ni compétitive, ni aisée. Pour
décarboner les systèmes de chauffage, les villes ont tout intérêt à miser plutôt
sur un éventail de solutions non fossiles, en fonction du contexte et des
ressources locales : chauffage urbain et pompes à chaleur, rénovation des
bâtiments pour en améliorer la performance énergétique, récupération de la chaleur
fatale, énergie solaire thermique et géothermique, appareils intelligents, etc.
- Seul l’hydrogène vert peut être
considéré comme propre et doit être développé dans l’UE. Les autres types
d’hydrogène entraînent des émissions de GES tout au long du cycle de vie et
peuvent contribuer à perpétuer l’utilisation des combustibles fossiles.
L’hydrogène vert restera un produit haut de gamme, rare et probablement cher.
- Développer
l’hydrogène nécessiterait d’énormes
investissements, dans des hydroducs pour l‘acheminer vers les villes et
dans le réseau de gaz des villes pour qu’il puisse supporter 100 % d’hydrogène.
Le coût de ces investissements et la faisabilité du reconditionnement des
conduites de gaz sont probablement sous-estimés. C’est pourquoi il est
préférable de donner la priorité à la production et à la consommation locales.