Edito politique : make the EU Greta’gain


À propos

Date de publication

08 mars 2019

Claire Roumet, déléguée générale d’Energy Cities

Alors que le printemps frappe à la porte, les rues continuent à résonner des messages d’une jeunesse qui demande que l’on passe à l’action, nous renvoyant à nos propres incohérences entre beaux discours et vrais changement de société. J’ai choisi ce moment pour faire une rapide analyse du fossé entre les éléments de langages et les propositions législatives.

Et plus particulièrement le fossé entre les discussions actuelles autour de la stratégie européenne à long terme, appelée dans notre microcosme Bruxellois « LTS 2050 » (pour Long Term Strategy) et les propositions budgétaires pour la période 2021-2027, « MFF » de son petit nom (pour Multi-annual Financial Framework mais nous l’appelons « My Favorite Fraud »). Ces mêmes propositions budgétaires qui conditionneront les investissements de la décennie à venir, celle qui doit nous faire changer de trajectoire…

Et que dire de ce rapide check-up ? Que les politiques européennes continuent d’être conduites par un désir de grandeur industrielle et de suprématie européenne. Que cette avance technologique que nous devrions prendre en investissant massivement dans des innovations chimériques sera notre planche de salut dans le monde de demain ! Il n’est pas très étonnant que les jeunes générations nous renvoient dans les cordes. Cette réponse n’est pas à la hauteur.

Une des maximes célèbres du grand scientifique espagnol Jorge Wagensberg était : « L’évolution, c’est changer la réponse ; la révolution, c’est changer la question ». Après lecture d’une synthèse des 19 propositions de programmes qui formeront les dépenses européennes pour la période à venir, j’ai bien peur que nous ne soyons même pas en évolution. Aucune trace de nouvelles réponses, mais plutôt une légère réaffectation entre des priorités définies depuis trop longtemps sans jamais avoir été repensées.
Deux de ces propositions ont d’ores et déjà été adoptées : 13 milliards pour la recherche nucléaire (dépassement des coûts de développement de l’Iter – projet de réacteur de recherche civil à fusion nucléaire situé à Cadarache) et 9 milliards d’un programme de développement de l’intelligence artificielle. Pour ces deux programmes : consensus des leaders européens. 
C’est dire le futur que l’on nous propose !

Dans les faits, les propositions de la Commission européenne cherchent à renforcer l’investissement contre le changement climatique sans toutefois utiliser le budget comme un outil stratégique. Il permettrait pourtant de réorienter notre système productif, d’avoir un renouveau industriel au service des territoires, le développement de vrais partenariats entre zone rurales et urbaines autour de politiques énergétiques et alimentaires communes. Tant de possibles, tant de priorités à redéfinir !

Dans le domaine de l’alimentation durable, l’excellent rapport de l’IPES propose une toute autre politique agricole commune basée sur 3 ans de débats et expérimentations. Nous avons défini les bases de notre politique énergétique commune en partant du besoin de nos membres, et dans l’objectif de proposer une vraie stratégie pour l’Europe. Notre manifeste(en anglais pour l’instant) dresse une liste d’actions prioritaires pour les nouveaux élus et leaders de l’UE pour faire de ce changement de société une vraie opportunité de relancer le projet européen.

Ce manifeste est le vôtre, faites-en bon usage !

Le titre de cet édito fait référence à Greta Thunberg, jeune militante suédoise pour le climat.