La nouvelle directive relative à l’efficacité énergétique exige des États membres qu’ils veillent à ce que les villes de plus de 45 000 habitants élaborent des plans pour la chaleur et le froid au niveau local. Cette proposition peut CHANGER LA DONNE en matière de décarbonation du secteur, et fournir aux citoyens des conditions de vie plus saines, dans un environnement plus résilient.
D’après les dernières analyses d’Energy Cities, les États membres ne sont pas en mesure d’atteindre les objectifs de la directive, tardant à transposer l’article 25.6 sur les plans de chaleur et de froid au niveau local.
Les États membres doivent accélérer et mettre en place un soutien nécessaire pour les villes, tandis que les institutions européennes, elles, doivent renforcer leurs efforts en la matière. Dans une lettre ouverte adressée au nouveau commissaire chargé de l’énergie (Dan Jørgensen), Mohamed Ridouani, maire de Louvain et président d’Energy Cities, a écrit :
« Il est crucial que l’UE soutienne les villes dans leur transition énergétique. La Convention des Maires est un exemple réussi de partenariat entre les villes et les institutions européennes. Il reste fort à faire pour mobiliser les villes à travers toute l’UE et inclure toutes les communautés dans la transition. Augmenter massivement la production d’énergies renouvelables au niveau local est un premier pas important mais, pour atteindre nos objectifs, il est primordial de renforcer les capacités de décarbonation de la chaleur et du froid au niveau local. »
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Energy Cities a analysé les cadres législatifs et les mécanismes de soutien à la disposition des autorités locales pour la planification de la décarbonation de la chaleur et du froid à travers les 27 pays de l’UE. Force est de constater des lacunes généralisées en la matière. Dans la plupart des pays, les autorités locales sont désemparées, à cause d’une assistance technique trop faible ou de soutiens financiers insuffisants. En Autriche, le soutien technique et organisationnel pour la planification de l’énergie au niveau local reste inégal, aussi bien en matière de contenus que dans sa répartition géographique, trop souvent fondé sur une approche par projet. La France, elle, a mis en place une structure innovante pour aider les projets de chauffage à travers un « Fonds Chaleur ». Toutefois, il n’existe aucune aide dédiée pour financer les ressources humaines des autorités locales pour la planification de la chaleur ou de l’énergie.
Cependant, Energy Cities a également identifié de bonnes pratiques que les États membres devraient adopter pour légiférer en faveur de la planification de la décarbonation de la chaleur et du froid au niveau local, surtout dans le contexte de transposition de l’article 25.6 de la directive relative à l’efficacité énergétique.
L’Allemagne est le premier État membre à avoir transposé la directive. Cette transposition implique des éléments clés tels qu’un calendrier modulable en fonction de la taille de la population (au-dessus ou en dessous de 100 000 habitants), et une approche en trois étapes pour l’élaboration de plans de chaleur et de froid au niveau local (analyse après inventaire, cartographie du potentiel renouvelable, et scénarios pour de futurs projets en matière de chaleur). Malgré un cadre législatif amélioré, de nombreux défis perdurent, dont un manque d’experts qualifiés, en particulier pour la planification, et des ressources financières limitées pour les villes de moindre dimension. L’Allemagne doit améliorer son système de soutien pour aider les villes à atteindre leurs objectifs. De façon générale, le soutien technique et financier est essentiel à la mise en œuvre réussie de la directive, un défi de taille pour la plupart des États membres.
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Les Pays-Bas ont mis en place une structure de gouvernance multiniveaux efficace. un dialogue multiniveaux et des groupes de travail nombreux et variés ont permis une coordination forte entre les stratégies de décarbonation aux niveaux local, régional et national. D’après l’accord néerlandais sur le climat, les actions des villes en faveur de la transition de la chaleur devront être conformes à la stratégie régionale de l’énergie. Par ailleurs, les villes engagées dans le programme « Fini le gaz » reçoivent des fonds nationaux pour financer des postes liés à la planification de la chaleur.
Pour plus d’informations, consultez notre article.
L’Italie a soumis un PNEC révisé, avec des ambitions à la baisse pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. L’Italie n’atteindra pas ses objectifs en matière de chaleur et de froid renouvelables sans un cadre législatif pertinent. Le pays devra fournir de nombreux efforts pour garantir aux autorités locales un accès à des ressources suffisamment précises et complètes pour l’élaboration de missions et de plans relatifs à la chaleur et au froid. La qualité et le type de données auxquelles ont accès les villes varient d’une région à l’autre. Les données sur la fourniture d’énergie sont souvent disponibles puisque les fournisseurs ont l’obligation de partager ces données. Cependant, elles sont rarement transmises dans un format harmonisé, si bien que leur exploitation entraîne des coûts supplémentaires.
L’Espagne n’est pas prête à mettre en œuvre l’article 25.6 de la directive. Cela nécessitera des changements de réglementation, une coordination améliorée et un renforcement des mécanismes de soutien. Soumise en 2023, la version temporaire actualisée du PNEC comporte une mesure (2.10) sur la planification de la chaleur et du froid au niveau local pour être en conformité avec les nouvelles exigences de la directive en matière de planification (article 25). Cependant, elle ne définit ni échéance ni portée. La version finale du PNEC n’a pas été soumise à temps.
La France a publié son PNEC actualisé en juillet 2024. Celui-ci couvre l’élaboration de plans pour la chaleur et le froid au niveau local. Toutefois, il n’aborde pas la question du degré de soutien apporté aux villes. Les autorités locales françaises bénéficient d’un accès facilité aux données sur l’énergie, en particulier pour l’électricité, le gaz, la chaleur et le froid, et la consommation de carburant. Malgré un système de soutien relativement favorable aux politiques locales pour l’énergie et le climat, il n’existe aucun programme national dédié pour l’abandon des énergies fossiles dans le secteur de la chaleur et pour une planification de la chaleur et du froid stratégique et cohérente au niveau local.
Les États membres ont encore un an pour transposer la directive relative à l’efficacité énergétique. Pour garantir une approche suffisamment ambitieuse, qui repose sur de bonnes pratiques, Energy Cities recommande les 8 éléments suivants :
En plus de la transposition de l’article 25.6, il convient de prendre des mesures nationales pour promouvoir les énergies renouvelables et abandonner les énergies fossiles. Cela peut passer par l’interdiction de l’installation et l’utilisation éventuelle d’équipements de chauffage à base d’essence, de gaz naturel ou de charbon. De plus, il est essentiel de planifier l’abandon progressif du gaz naturel et de garantir la réussite du déploiement des énergies renouvelables.
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