FONDS POUR L’ENERGIE, CO-FINANCEMENT ET AUTRES MOYENS INNOVANTS DE FINANCER LA TRANSITION ENERGETIQUE AU NIVEAU LOCAL

Les fonds européens ne sont pas les seuls instruments à la disposition des villes


À propos

Date de publication

27 juillet 2018

Alors que le prochain budget de l’Union Européenne est actuellement en cours de discussion, Energy Cities a largement fait porter ses efforts de veille politique sur l’augmentation de la part consacrée à la transition énergétique. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que les fonds européens, aussi importants soient-ils, ne sont pas les seuls instruments à la disposition des villes pour financer leur développement vert. Je suis ainsi récemment tombée sur des cas intéressants de villes qui ont décidé de prendre les choses en main. Que ces villes aient agi par clairvoyance ou par nécessité, peu importe : le financement alternatif est leur plan B pour faire de leurs projets une réalité !

Les fonds mis en place par les collectivités locales

Vous en avez sans doute entendu parler ce mois-ci : le maire de Londres vient de lancer le MEEF, un fonds pour l’efficacité énergétique doté de 500 millions de livres. L’objectif du MEEF, actuellement le plus grand fonds public-privé consacré à l’efficacité énergétique en Europe, est d’aider les petites entreprises et organismes publics à investir afin de réduire leur facture d’énergie et leurs émissions de CO2. La ville s’est en effet associée à différentes banques afin de proposer des financements pour des projets à faibles émissions de carbone, le but étant de faire de Londres une ville zéro carbone d’ici 2050.

La Province de Zélande, aux Pays-Bas, offre également un bon exemple de fonds créé par une collectivité locale. Le « Fonds Climat de Zélande » est financé par les compensations carbone des entreprises et organismes locaux. Le fonds vise en effet à compenser les émissions de CO2 émises localement en soutenant des projets qui présentent une valeur ajoutée pour la communauté et l’économie régionale. Les participants sont invités à compenser complètement ou partiellement leurs émissions de CO2 en versant 25 euros par tonne de CO2 émis. Les sommes collectées ont permis d’installer des panneaux solaires sur le toit des écoles publiques de la ville. Grâce à ce type de fonds, les villes contribuent à rendre leurs bâtiments publics plus durables et les entreprises font un pas de plus vers la neutralité climatique !


Retrouvez plus d’informations sur ce fonds sur le site de la Plateforme de Networking Renouvelable !

L’investissement participatif : un bon moyen de joindre le geste à la parole !

L’investissement participatif dans les énergies renouvelables s’est largement développé ces dernières années. Le principe est sensiblement le même que pour le financement participatif : les particuliers sont invités à financer un projet particulier en contribuant une certaine somme, mais au lieu de faire simplement un don, ils reçoivent en échange une participation dans le projet et peuvent espérer un gain financier. De nombreuses plateformes gèrent ce type de projets et font appel aux citoyens/investisseurs. La raison pour laquelle l’investissement participatif se développe est qu’il est aujourd’hui plus facile d’obtenir un bon retour sur investissement en raison de la baisse du coût des énergies renouvelables. 
Krizevci est une petite ville de Croatie, proche de la capitale Zagreb. C’est la première ville croate à avoir organisé une campagne d’investissement participatif. L’initiative a été lancée par la Coopérative Energie Verte (ZEZ) en collaboration avec la municipalité et d’autres partenaires locaux. Le modèle d’investissement participatif utilisé pour intéresser les citoyens au développement durable de la ville et installer des panneaux solaires photovoltaïques sur les toits du centre local de développement et du parc technologique est le micro-crédit.

La campagne a été lancée début juin 2018. En seulement 10 jours, ZEZ a récolté près de 31 000 euros, suffisamment pour acheter l’équipement nécessaire et l’installer. L’investissement moyen par citoyen s’élève à 500 euros, le plus faible montant investi étant de 130 euros seulement. La coopérative remboursera ses investisseurs sur 10 ans à un taux fixe de 4,5 % grâce aux revenus obtenus sur la vente de l’énergie solaire. Un bon moyen pour les habitants de faire fructifier leur épargne tout en contribuant au développement de leur ville !


Pour en savoir plus sur cette success story, consultez le site de la Plateforme de Networking Renouvelable.

Des budgets participatifs au co-financement : « Conjuntament ! »

Le budget participatif est un processus qui permet aux citoyens de discuter et délibérer de l’utilisation des ressources publiques. Les habitants ont ainsi la possibilité de choisir réellement les projets qui seront financés, en fonction de leurs besoins. La ville de Barcelone en a déjà fait l’expérience mais a récemment décidé d’aller plus loin en termes de participation des citoyens. Avec la plateforme Goteo et l’organisation Barcelona Activa, la Ville a lancé l’an dernier « Conjuntament » (« ensemble » en catalan), une initiative de co-financement des projets sociaux proposés par les citoyens.

Selon le principe du co-financement, les porteurs de projets doivent apporter eux-mêmes une partie de l’argent dont ils ont besoin, une subvention du même montant leur étant ensuite allouée afin de doubler la somme. Avec « Conjuntament », lancé en mars dernier, la Ville de Barcelone associe budget participatif et financement participatif : les citoyens soumettent leur idée et si leur projet est sélectionné, ils doivent en financer une partie par financement participatif. La fondation Goteo a d’ores et déjà constitué une réserve de 94 000 € afin de co-financer ces projets et inciter les personnes à faire des dons.

Le transfert de connaissances P2P

On peut faire beaucoup de choses lorsque la volonté politique est là et que la communauté locale est prête à s’investir ! En ces temps de restrictions budgétaires, les « plans B » fleurissent un peu partout en Europe. S’informer sur ce qui se passe dans d’autres régions ou villes et voir comment elles mobilisent les ressources nécessaires est une première étape essentielle pour qui souhaite compenser ce manque à gagner et changer le système énergétique au niveau local.

C’est exactement le propos du projet européen PROSPECT : permettre aux collectivités locales et régionales d’apprendre de leurs pairs afin de financer et mettre en œuvre des plans en faveur de l’énergie durable et du climat. Le programme met en avant des mécanismes de financement innovants mis en place dans des villes et régions de l’Union Européenne, l’idée étant d’inciter et encourager d’autres collectivités à faire de même.


PROSPECT recherche actuellement des mentors, à savoir des villes expérimentées, pour son second cycle d’apprentissage ! 

Ces villes seront appelées à partager leurs connaissances et expériences lors de webinaires, visites de sites et ateliers. Les villes souhaitant bénéficier de ces services de mentorat pourront s’inscrire à partir du 3 septembre 2018. Consultez le site du projet et découvrez comment participer au programme.