GRAND GENÈVE : UN TERRITOIRE TRANSFRONTALIER SE MOBILISE


Les partenaires vaudois, genevois et français ont élaboré une vision partagée du développement de leur territoire alliant des mesures de mobilité, d’urbanisation et d’environnement.
Energy Cities a rencontré Pierre-Jean Crastes, co-président de la Communauté Transfrontalière de l’énergie du Grand Genève, et Vice-Président à la transition énergétique du Pôle Métropolitain du Genevois français.

M. Crastes, mener une politique énergétique ambitieuse est déjà assez compliqué sur un seul territoire et dans un même pays. Pourquoi avoir choisi de s’associer avec la partie suisse de l’agglomération ?

Le Grand Genève est un territoire parcouru par des frontières nationales, cantonales et départementales. Pourtant, il s’agit bien d’un bassin de vie cohérent, que français, vaudois et genevois vivent conjointement et dont le devenir ne peut qu’être envisagé collectivement.
Nous pensons que l’énergie constitue un élément structurant de notre avenir, et que par ailleurs, nous disposons de ressources communes à gérer, valoriser ensemble dans une vision partagée. A l’instar de l’eau potable et bien que ce soit plus complexe, nous n’avons pas d’autres alternatives que de viser une stratégie commune.

Quelles sont les synergies entre les territoires et quelles difficultés avez-vous rencontré dans la gestion des problèmes d’urbanisme et de mobilité ?

Notamment parce que la Suisse est un État fédéral, nos cultures, nos réglementations, nos organisations administratives sont évidemment très différentes : mes interlocuteurs genevois sont l’équivalent de nos ministres français ! Ils disposent donc de beaucoup plus de pouvoir, notamment celui de modifier la loi, que n’a pas le Président de Communauté de Communes que je suis !
Les questions de mobilité témoignent parfaitement de ce différentiel : côté français, nous devons dialoguer avec 10 autorités organisatrices différentes, là où Genève a une structure unique… Le consensus pour s’entendre en « franco-français » demande donc tout autant d’énergie qu’en transfrontalier.
Tout cela crée une complexité supplémentaire, mais nous oblige à une permanente innovation pour dépasser ce cadre. Les questions de gestion de l’eau, de qualité de l’air, de réflexions sur la ressource géothermique illustrent notre capacité à s’inspirer des atouts et des expériences réussies des uns et des autres.

La société civile est impliquée dans ce projet transfrontalier à travers le Forum d’agglomération du Grand Genève. Quelle forme prend ce dialogue entre communes et citoyens ?

En 2013, lors de la création du GLCT (Groupement Local de Coopération Transfrontalière), l’instance politique d’administration du Grand Genève, il a paru évident de donner la parole à la société civile. Aujourd’hui, le Forum d’agglomération fait pleinement partie du schéma de gouvernance du Grand Genève. Initialement imaginé sur le modèle français des « conseils locaux de développement », le Forum est composé de 75 associations ou structures différentes, réparties au sein de trois collèges (environnement, économie, social/culture). Le Forum s’auto-saisit de thématiques (le financement de l’agglomération, le covoiturage,…) ou travaille sur des saisines que lui soumet l’Assemblée du GLCT : la dernière en date concerne justement la stratégie énergie-climat du Grand Genève, où l’expertise des membres du Forum a été sollicitée pour, notamment, apporter un éclairage transfrontalier au plan d’actions du Plan Climat Cantonal genevois en cours d’élaboration. 
Pour nous élus, le Forum est le moyen de diffuser et partager avec les habitants l’ambition transfrontalière de nos projets.

Si vous souhaitez étudier de plus près comment fonctionne ce territoire transfrontalier, rendez-vous aux Assises européennes de la transition énergétique du 30 janvier au 1er février 2018, qui auront lieu pour la première fois en Suisse, au Grand Genève sur le thème « la coopération transfrontalière au service de la transition énergétique« 

©photo : CC genevois