Inépuisable énergie… humaine

Edito politique par Claire Roumet


Non, je ne vais pas parler de cet anniversaire fatidique, de cette année maudite (ou pas), rien, je ne dirai rien sur la pandémie. Cette newsletter est consacrée à l’énergie citoyenne, dans tous les sens du terme. Celle qui nous porte, parce que, oui, les projets d’énergie de collectifs locaux, de municipalités, de partenariats hybrides, sont en pleine expansion. C’est une énergie libérée de son carcan législatif : nous avions travaillé plusieurs années au niveau européen à assurer un cadre juridique solide pour la production locale et promu par des acteurs et actrices loca.ux.les, et cette directive, qui est déjà en discussion pour en remonter l’ambition, a porté ses fruits. Beaucoup reste à faire, et pour qui met les mains dans le moteur, le chantier n’a même pas encore de fondation, mais le cadre est là et il ouvre des perspectives.

Nous sommes plusieurs dans l’équipe d’Energy Cities à être impliqué.e.s dans un projet local, là où nous habitons. Celui de mon quartier, hyper dense, s’appelle Pilone. J’aime beaucoup son nom, et l’idée que les habitant.e.s sont l’infrastructure, le Pilone les relient. J’aime aussi l’approche ambitieuse d’intégrer tous les habitant.e.s et en particulier les plus vulnérables. Grâce à la directive européenne, l’autoconsommation collective permet d’imaginer une centrale électrique citoyenne qui bénéficiera à tous et à toutes. Je ne vais pas trop en parler encore, tout est en gestation, mais le potentiel est là. En chiffre, c’est la carte Sol(id)aire qui le dit : la production solaire sur les toits du quartier couvrirait bien plus que les besoins résidentiels ! Mais surtout, surtout, Pilone, c’est de l’énergie humaine, et celle-ci est littéralement inépuisable !

IRENA, Agence internationale pour l’énergie renouvelable, a publié en octobre dernier son premier rapport sur le potentiel des villes. Notre partenaire REN21, institut de recherche sur les renouvelables vient juste de publier son second rapport mondial sur la question. Ces deux agences notent la montée en puissance de la planification de la chaleur et du froid (et si vous avez besoin :  notre outil HotMaps est en open source) . REN21 identifie de plus l’approche systémique des villes pour la transition énergétique, reliant les différents secteurs et fonctions urbaines comme une tendance forte.

L’agence internationale de l’énergie (IEA), surfe également sur la vague, et vient de lancer la « Global Commission on People-Centred Energy Transition »… tout un programme !

Grande satisfaction pour nous de voir toutes nos priorités reprises par des institutions globales, mais un petit doute sur la traduction en pratique de notre vision d’un système décentralisé, décarboné : s’agira-t-il bien comme nous le proposons de créer et partager une nouvelle richesse locale ?

Si l’énergie humaine est inépuisable, elle est démultipliée quand elle est mise en commun au service d’un projet qui permet une vraie appropriation par chacun.e de son destin.

Et en dehors de l’énergie humaine dans laquelle il est plus qu’urgent d’investir massivement, ou alors les projets locaux resteront à l’état de chimère, il est aussi nécessaire de différencier les énergies inépuisables : c’est bien une nouvelle catégorie pour classer les énergies qu’il faudrait intégrer dans la directive plutôt que de définir des nuances de vert pour intégrer le gaz.

L’étape qui vient est celle de l’investissement dans l’inépuisable, l’humain, le soleil, le vent : les ressources qui sont là, ici et maintenant.