Selon Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le solaire est le nouveau « roi de l’électricité ». Mais en Europe, de nombreuses villes avec un centre historique ancien peinent à trouver un équilibre entre préoccupations architecturales liées à la protection du patrimoine et prise en compte des besoins et du potentiel du roi de l’électricité.
Le résultat est que la capacité de production d’électricité d’origine solaire dans les centres villes est aujourd’hui bien inférieure à ce qu’elle pourrait être.
C’est ce qu’essaie de changer Bruno Gaiddon, qui conçoit des systèmes photovoltaïques depuis 20 ans partout en France, et encore tout récemment à Lyon Confluence dans le cadre du projet Smarter Together. Bruno travaille pour Hespul, une association à but non lucratif fondée en 1991 et qui a installé en 1992 la première centrale photovoltaïque de France, toujours en activité.
Après quelques minutes de conversation, il est clair que son enthousiasme pour le solaire n’a pas faibli au fil des années.
« Dans bien des cas, nous nous sommes rendus compte que les panneaux solaires étaient la solution pour répondre aux préoccupations d’esthétisme liées à la construction de nouveaux bâtiments dans des zones classées » – Bruno Gaiddon, Hespul
Bruno explique qu’il existe en gros trois cas où l’installation de systèmes photovoltaïques nécessite de tenir compte des règles relatives à la protection du patrimoine. En France, une telle situation nécessite l’intervention d’un architecte des Bâtiments de France qui donnera son avis sur le dossier. De nombreux pays européens ont mis en place des procédures similaires.
Installation de panneaux photovoltaïques lors de la construction d’un bâtiment neuf dans une zone classée (car situés dans un rayon de 500 m autour d’un monument historique)
« Nous avons remarqué que lorsque l’on construit dans une zone classée, l’instruction du premier bâtiment, conçu et dessiné par un architecte, peut s’avérer très difficile et implique de nombreuses négociations. Mais par la suite, tous les dossiers (avec des panneaux solaires) passent très facilement ».
« A Lyon Confluence, un quartier proche du centre-ville, le terrain est relativement plat et les bâtiments sont visibles des collines avoisinantes. On peut en voir les toits. Compte tenu des directives que nous avions reçues de l’administration, il était absolument essentiel d’en tenir compte au niveau architectural et l’installation de panneaux photovoltaïques a permis de cacher les systèmes techniques, comme les systèmes de ventilation, présents sur les toits ».
Les panneaux solaires peuvent donc être une solution à des problèmes d’esthétisme lors de la construction de bâtiments neufs dans des zones classées.
Installation sur des bâtiments classés monuments historiques
« Les exemples que je présente sont irréfutables. J’ai toujours beaucoup de plaisir à parler de ces projets européens. Pour moi, ce sont des projets d’une qualité telle qu’aucun architecte ne peut les contester. Et ce sont des projets très, très simples. »
« La salle de conférence du Vatican, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO qui bénéficie du plus haut niveau de protection, est, pour moi, la plus belle réalisation au monde. Les panneaux utilisés, peu coûteux et fabriqués en série, sont très simples et pourtant leur intégration au site est vraiment remarquable. »
« L’autre bâtiment est le Reichstag à Berlin. Norman Foster y a installé des panneaux photovoltaïques sur les quatre côtés du bâtiment. C’est un autre exemple d’une installation remarquable combinant l’ancien et le moderne. »
Installation sur des bâtiments (modernes) existants dans une zone classée (car situés dans un rayon de 500 m autour d’un monument historique)
« Lorsque nous avons des projets d’installation de systèmes photovoltaïques sur des bâtiments existants dans une zone classée, sans autres travaux, cela peut-être bien plus compliqué ».
« L’installation doit être conçue par une équipe dirigée par un architecte dont le travail consiste à trouver la manière la plus harmonieuse d’intégrer les panneaux sur le bâtiment. Si l’architecte n’a pas beaucoup d’expérience en la matière, il peut être utile de le former à ce qui a été fait sur d’autres bâtiments remarquables du patrimoine architectural ».
Le dernier point que soulève Bruno Gaiddon est que le facteur temps peut également jouer un rôle. Lorsqu’un bâtiment classé monument historique a été endommagé ou doit être rénové, alors une ouverture devient possible, même avec des « architectes très conservateurs ». Le fait que le bâtiment va de toute façon changer, qu’il a besoin de changer, est une occasion à saisir pour y introduire le photovoltaïque tout en montrant qu’il est possible de transformer un bâtiment classé en y intégrant un usage et des éléments modernes.