La fin de l’énergie fossile est déclarée… mais pour quand ?

Edito politique par Claire Roumet


À propos

Date de publication

18 novembre 2021

Le Pacte de Glasgow pour le climat est enfin scellé, sous les larmes du négociateur en chef, dépité face à notre incapacité à nous accorder sur un minimum vital. Les analyses pleuvent pour tenter de trouver les points positifs de cette négociation géante. Il y en a, bien sûr. Inscrire, même avec un phrasé considérablement édulcoré, la fin des subventions aux énergies fossiles est un marqueur qui doit réorienter les politiques fiscales. Ce n’est pas une mince victoire. Et pourtant, pourtant… envoyer un signal n’est pas suffisant.

Il faut mettre en place un calendrier clair et irrévocable, seul à-même de changer les décisions économiques. J’écris cela alors que, ce mois d’octobre, nous avons observé que même quand un objectif de sortie est inscrit dans la loi, on peut revenir dessus et le battre en brèche. En France, le Président de la République vient d’annoncer un nouveau programme d’investissement dans le nucléaire quand la loi pour l’énergie et le climat avait acté l’arrêt progressif des centrales. En Belgique, une loi de 2003 prévoyait la fermeture de tous les réacteurs en 2025 (après 40 ans de fonctionnement pour chacun). Cette prévisibilité devait permettre d’investir massivement dans les renouvelables et de réduire les consommations. Pourtant, pourtant… il est clair que les besoins ne seront pas couverts et on discute prolongations, importations, nouvelles centrales au gaz pour garantir la sécurité d’approvisionnement.

Donc, être très clair sur une date de sortie est nécessaire mais pas suffisant. Ne pas l’être, envoie au mieux le message que cette question est sur la table et qu’elle reviendra régulièrement, immanquablement.

Comme à chaque COP, les villes ont répondu présentes, elles ont continué à montrer leur engagement, leur volonté de transformer les territoires et d’être à la hauteur des enjeux. Elles sont des actrices diplomatiques incontestables. Elles ont le pouvoir d’organiser la solidarité internationale sur laquelle il n’y a eu aucune avancée. Elles ont le pouvoir de dessiner des villes neutres et d’imposer les dates de sortie des énergies fossiles. Ce sont elles qui doivent au final composer, sur le terrain, avec ces déclarations imparfaites.

Mais l’intérêt des COP ne réside pas forcément dans la déclaration finale. C’est un système unique (et pas seulement la conférence qui en est le point d’orgue, mais toute la préparation) où se créé une vision commune des enjeux, où l’on doit écouter les différents points de vue, où se tissent des alliances. Un petit concentré d’humanité, un point d’histoire auquel nous pouvons tous nous référer.

Et tous les moments, tous les lieux qui permettent le dialogue et la négociation multilatérale sont précieux, très précieux, dans un monde instable.