Le lien entre creuser des assiettes, la théorie de l’effondrement et la ville néerlandaise d’Heerlen ?

Edito politique par Claire Roumet


À propos

Date de publication

06 novembre 2019

Quel étonnement de voir surgir une nouvelle revue de développement personnel lors de mon dernier passage en gare… avec pour ligne éditoriale non pas « comment mieux respirer et profiter des petits instants de bonheur et de beauté », mais « apprendre à survivre ».  Premier tuto : creuser son assiette dans une bûche !

La presse n’est que le reflet de nos peurs et désirs, et si nous en sommes là, c’est que la théorie de l’effondrement a le vent en poupe. Trop nombreuses sont ces revues qui proposent des solutions individuelles, qui jugent nos comportements, qui ne nous proposent rien d’autre qu’un nouveau formatage. Heureusement, les histoires positives de revitalisation urbaine, d’agriculture de proximité, d’initiatives respectueuses de leur environnement et de la diversité font aussi la une. Pourtant, il manque toujours une vision d’ensemble, un projet commun.

Il se trouve que le livre du maire de Grenoble, Eric Piolle, propose un projet que l’équipe municipale teste depuis quelques années, et donne un cap clair à travers trois axes. Trois axes pour guider l’action collective locale et transformer la ville :

  1. « Assurer les sécurités du quotidien »,
  2. « Chérir les biens communs »,
  3. « Nourrir le désir de sens ».

Je vous laisse découvrir comment ses objectifs se déclinent au quotidien. Le livre montre comment cette boussole permet de repenser le rôle des élu·e·s et des institutions locales dans un monde en profonde mutation. Puisque oui, nous sommes en mutation, et oui, il nous faut changer de méthode et d’horizon.

Quand la réalité rejoint la fiction

Dans son roman « Les furtifs », best-seller chez les trentenaires francophones, Alain Damasio décrit un monde dystopique, où les villes seraient achetées par les grandes marques, et où l’accès aux beaux quartiers serait réservé aux citoyen·ne·s platinium. La rébellion est portée par celles et ceux qui reconnaissent la valeur de tous les êtres vivants, même ceux que nous n’avons pas encore découverts. La richesse de ce roman est immense et ne peut être résumée à une seule « thèse ». Les villes n’y sont plus des lieux d’échange et de partage de connaissances, mais des terrains de lutte avec le pouvoir, de luttes pour le pouvoir. Cette fiction se fait l’écho des enjeux des élections locales, où souvent il s’agit d’affirmer que le futur appartient aux villes, à l’image des récentes élections des maires d’Istanbul ou de Budapest, challengers de leurs premiers ministres respectifs.

Je rencontre souvent des élu·e·s locaux·les, c’est l’objet même de notre association que de soutenir leur travail en réseau. Toutes les villes ne disposent pas encore d’un agenda structuré pour leur futur, ni ne mettent en perspective l’action communale dans les défis plus larges.Mais beaucoup d’élu·e·s ont ce même enthousiasme, ce désir viscéral d’embellir le quotidien, cette intuition que nos villes seront le cœur des transformations à venir. Le Maire adjoint de la municipalité roumaine d’Alba Iulia, Gabriel Plesa, interpellait la semaine dernière des représentants ministériels sur l’urgence pour les institutions nationales de sortir de l’immobilisme dans lequel elles se sont enfermées. Un appel pour que le futur ne soit justement pas qu’un échange entre les lieux de pouvoirs, mais bien une juste répartition, un vrai partenariat. Il y a tant à faire pour proposer autre chose que l’effondrement !

Je me dis toujours que nous avons trop peu d’occasions pour que toutes ces énergies positives se rencontrent, débattent, et portent un agenda partagé auprès des institutions nationales et européennes. J’espère que notre prochaine conférence annuelle, le « Cities & Citizens Energy Forum », avec la participation du Vice-Président de la Commission européenne, Frans Timmermans, sera une première pierre à cet édifice. Et pour cela, nous aurons besoin de tous les membres de notre réseau !

Rendez-vous à Heerlen du 22 au 24 avril prochain !