Nos membres en Ukraine sont en train de vivre un enfer. Les maires y sont devenu‧e‧s des Généraux‧ales qui organisent la défense des civils et la bonne marche des services publics essentiels, quand iels le peuvent. Leur détermination est totale, et si garder le lien avec elleux semble dérisoire, cette fenêtre vers l’extérieur est essentielle. Les maires sont des cibles directes, comme l’ont prouvé les enlèvements des maires de Melitopol, Ivan Fedorov, et de Dniproroudné, Evguen Matveïev, le week-end dernier. En tant que réseau d’élu·e‧s, nous sommes à leurs côtés.

La mobilisation de toutes les énergies par la mise en réseau, par les liens, est notre force de frappe.

Au Sommet Climate Chance de Nantes, Katta Tüttö, Maire adjointe de Budapest, rappelait combien les réunions entre élu·e·s de grandes villes avaient été précieuses dans les premiers mois de la crise sanitaire. Tou·te·s les élu·e·s pouvaient partager les informations les plus basiques (par exemple comment se procurer des masques !), apprendre au fil de l’eau les un·e·s avec les autres, discuter stratégies de moyen terme. Des réseaux spontanés se sont constitués à tous les niveaux, à l’échelle des quartiers, de la région, de l’Europe.

Nous pouvons nous appuyer sur ces réseaux pour organiser le transfert d’équipement et de compétences dès que possible pour rétablir l’eau, l’énergie, le transport. Nous avons appris, crise après crise, à ne pas redémarrer à chaque fois de zéro.

La mobilisation des associations dans nos villes qui peuvent organiser au mieux l’accueil des réfugié·e‧s en est elle aussi un exemple. Au-delà de la gestion de l’urgence, toutefois, il semblerait que nos dirigeant·e‧s au niveau européen et national, n’aient pas de boussole pour mieux nous prémunir, mieux anticiper. Nous avons appris à être des pompiers, pompier‧ère‧s de première ligne en ce qui concerne les élu·e‧s et les administrations municipales. Mais nous devrions tou·te·s être stratèges et mettre en place des mesures préventives. Les derniers scénarios du GIEC publiés ce mois-ci ne disent pas autre chose : les transformations nécessaires de nos modes de vies n’adviendront que si nous sommes capables d’une grande justice sociale.

L’action municipale, comme les politiques nationales et européennes, doivent se conjuguer au présent, au futur simple et au futur antérieur. Aujourd’hui, demain et dans quelques années. Peut-être une petite dose d’impératif, mais minime, puisque c’est le contrat social et démocratique qui doit être renouvelé et les injonctions n’ont quasiment aucune chance d’être productives dans cet objectif !

Le présent, en matière énergétique, c’est comment allons-nous résister au choc, au tsunami économique, que les prix des énergies fossiles vont engendrer ? Ce sont les besoins d’alimentation, de chauffage et de mobilité qui en subissent directement les conséquences. Et ce seront toujours les personnes les plus vulnérables qui seront piégées par les contraintes. Mais il est possible d’anticiper et de décider de quels services nous avons vraiment besoin. Plutôt que de substituer une énergie par une autre (ce qui prendra bien plus longtemps que les mois qui nous séparent du prochain hiver !), nous devons chercher dès maintenant ce que nous pouvons arrêter. Il n’y a nul besoin de parler sobriété individuelle ou confort thermique. Celles et ceux qui peuvent le feront, mais c’est loin d’être une solution suffisante. Comment négocier les fermetures ? Préparer le futur par la délibération, pour partager équitablement l’énergie rare. Et surtout, investir ensemble et durablement dans l’énergie abondante et inépuisable, dans les liens qui libèrent.


* Les liens qui libèrent, c’est aussi le nom d’une très belle maison d’édition française qui publie de nombreux ouvrages pour le monde de l’écologie, sur le changement climatique, sur la démocratie : http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Relions_nous_!-656-1-1-0-1.html