Les maires mettent l’accent sur la cohésion sociale comme condition sine qua non de la transition écologique et économique

Les points à retenir du Forum annuel d'Energy Cities à Bruxelles


Il n’y aura pas de transition écologique sans cohésion sociale. C’est le message le plus frappant partagé par les maires lors du Forum annuel d’Energy Cities à Bruxelles en avril dernier.

Soyons réalistes : tous les ménages ne sont pas égaux face à la transition écologique. Et Extinction Rebellion résume bien la situation avec cette métaphore : « Nous sommes tous pris dans la même tempête. Mais nous ne sommes pas tous dans le même bateau ». Toute crise ou la mise en œuvre de certaines politiques peut avoir un impact beaucoup plus important pour les citoyen·es les plus vulnérables ou pour certains groupes sociaux comme les habitant·es des zones rurales. La cohésion sociale est donc une boussole à garder à l’esprit lors de l’élaboration de politiques à tous les niveaux de gouvernance.

© Michael Chia

Pour lancer la discussion lors du Forum, Mathieu Saujot (Coordinateur de l’initiative Modes de vie en transition à l’institut de recherche IDDRI) a rappelé les conclusions du dernier rapport du GIEC qui appellent à un changement des modes de vie et à une évolution vers une plus grande sobriété. Si l’on veut garantir la cohésion sociale, il faut des actions ambitieuses à tous les niveaux de la société (individuel, social, infrastructurel, institutionnel). Alors que le « contrat social » est aujourd’hui remis en cause, nous devons en concevoir un nouveau qui réponde aux questions que chacun·e d’entre nous peut se poser : Comment puis-je développer mon bien-être sur des bases  non matérialistes lorsque mon cadre de vie est dominé par l’insécurité économique ? Pourquoi devrais-je faire des efforts alors que je ne suis pas sûr·e que mes voisin·es et les institutions feront de même ? Comment financer de nouveaux services publics dans un contexte de « pauvreté publique » et de « richesse privée »?

© Michael Chia

Ines de Medeiros, maire d’Almada au Portugal, a rappelé que « le contrat social et les aspirations économiques doivent inclure tout le monde et ne laisser personne de côté ». En effet, les villes ont un rôle essentiel à jouer dans la définition de ce nouveau contrat social. Selon Mathieu Saujot, cela passe par :

  • L’expérimentation de certains aspects de ce nouveau contrat social,
  • La proposition de transformations sectorielles plus larges,  
  • La mise en place d’une participation citoyenne

Pour la maire Ines de Medeiros, la « transition juste » se situe quelque part entre la responsabilité sociale des villes et leurs objectifs climatiques et énergétiques. La Ville d’Almada vise à une transformation en profondeur au travers de son plan pour une transition climatique juste et équitable et le déploiement de projets d’énergie renouvelable en faveur des ménages les plus vulnérables, la rénovation des logements sociaux pouvant inclure, par exemple, l’installation d’unités de production d’’énergie renouvelable. Les communautés énergétiques constituent, selon elle, un excellent moyen de rendre l’innovation et la transition plus tangibles aux yeux de la population d’Almada et d’encourager la participation citoyenne.

A Bruxelles, la région est également confrontée à des inégalités sociales et à des défis sociaux inégalement répartis. Depuis le début de son mandat, Barbara Trachte, Secrétaire d’Etat de la Région de Bruxelles-Capitale en charge de la Transition économique et de la Recherche scientifique, transforme l’économie de la région pour lutter contre ces deux défis, social et climatique. La théorie du donut  développée par Katy Raworth est appliquée dans un processus de co-construction avec les citoyen·nes bruxelloi·ses afin de discuter du seuil social qui leur paraît acceptable et de la distance qui les sépare aujourd’hui de cet objectif. Barbara Trachte a expliqué que ce modèle est approprié car il reflète la situation des « villes qui se retrouvent coincées entre les contraintes climatiques d’un côté et les minima sociaux de l’autre » pour aller de l’avant. C’est pourquoi  il est important de recentrer l’économie sur le local afin de ne pas franchir l’une ou l’autre de ces limites.

Pour Flavia Boghiu, maire adjointe de Brasov en Roumanie, « les décideurs politiques doivent gagner la confiance de la communauté locale » afin de renforcer la cohésion sociale tout en menant la transition verte. Comment y parvenir ? Le conseil de Flavia Boghiu est de lâcher du lest et de donner le pouvoir aux citoyen·es.

© Michael Chia

À Brasov, cela se fait par le biais d’un budget participatif et d’événements où les habitant·es ont leur mot à dire sur la transition énergétique et la gouvernance de leur ville. Cela leur ouvre un véritable espace de participation tout en leur permettant d’expérimenter de nouveaux aspects de ce nouveau contrat social. Flavia Boghiu souhaite développer et promouvoir « le sentiment de fierté que suscite l’engagement écologique de leur ville auprès des habitant·es ».

En fait, cela pourrait être un bon leitmotiv dans de nombreux endroits en Europe et pour nous tous : participons, ensemble, au développement de villes dont nous sommes et serons fier·es !