Les prescriptions de la Commission européenne concernant l’hydrogène et l’intégration du système énergétique

De nouvelles stratégies pour relancer l’efficacité énergétique et cibler les secteurs difficiles à décarboner


À propos

Date de publication

16 juillet 2020

La Commission européenne a présenté deux nouvelles stratégies qui vont de pair, l’une en faveur de l’hydrogène et l’autre pour l’intégration du système énergétique. La stratégie en faveur de l’hydrogène porte en effet sur le développement d’un nouvel outil qui vise à améliorer l’intégration du système énergétique (aussi appelée intégration intelligente des secteurs). L’enjeu est de décloisonner des secteurs – transports, industrie, gaz et construction – qui ont chacun leurs propres chaîne de valeurs, règles, infrastructures, système de planification et fonctionnement.

L’objectif est que d’ici 2050, l’Europe ait atteint zéro émission nette, avec un système énergétique qui nous permette d’alimenter nos voitures en électricité solaire produite par des panneaux sur nos toits, de chauffer notre domicile et notre lieu de travail avec la chaleur résiduelle d’un site industriel voisin, site lui-même alimenté en hydrogène propre produit par des éoliennes en mer.

Une vision de rêve, n’est-ce pas ?

La stratégie d’intégration du système énergétique repose sur trois piliers :

  1. L’efficacité énergétique : la Commission européenne devra identifier les cas concrets  où le principe de primauté de l’efficacité énergétique pourra être appliqué. Fondamentalement pour les villes, l’accent est mis sur une utilisation plus efficace des énergies locales ainsi que sur la valorisation de la chaleur fatale des sites industriels, centres de données et autres sources de chaleur. La vague de rénovation sera au cœur de ces réformes.
  2. Plus d’électrification : le secteur de l’électricité étant celui qui concentre le plus d’énergies renouvelables, il convient de privilégier l’énergie électrique à chaque fois que cela est possible : par exemple pour le fonctionnement des pompes à chaleur dans les bâtiments, pour l’alimentation des véhicules dans les transports ou des fours dans certaines industries. Parmi les conséquences les plus visibles de cette stratégie : un réseau d’un million de bornes de rechargement pour véhicules électriques, ainsi que le développement de l’énergie solaire et éolienne.
  3. Hydrogène et combustibles à faible teneur en carbone : pour les secteurs où l’électrification est plus difficile, la stratégie propose de promouvoir les carburants propres, dont l’hydrogène renouvelable ainsi que le biogaz et les biocarburants durables.  La Commission proposera un nouveau système de classification et de certification des combustibles renouvelables à faible teneur en carbone. L’efficacité énergétique : la Commission européenne devra identifier les cas concrets  où le principe de primauté de l’efficacité énergétique pourra être appliqué.

Les pompes à chaleur et le chauffage urbain sont abondamment mentionnés en tant que technologies clefs dans les deux documents. La valorisation de la chaleur fatale devrait en effet engendrer une augmentation des demandes de connexion aux réseaux de chaleur urbains. Et bien que ce type de chauffage ne fasse pas l’objet d’une disposition en particulier, les investissements dans ce secteur devraient s’accélérer.

Il est cependant regrettable que les discussions n’aient pas porté sur la  géothermie en dépit de son potentiel énergétique, notamment en association avec le chauffage urbain. L’énergie solaire thermique fait également partie des secteurs oubliés.

Dans l’ensemble, ces deux stratégies fortes reprennent bon nombre des propositions d’Energy Cities – notamment en permettant aux villes d’utiliser en priorité leur potentiel énergétique local. La stratégie pour l’hydrogène affiche clairement un objectif de décarbonation, mais la proposition d’associer hydrogène et CSC (captage et stockage du CO2) à titre d’étape intermédiaire risque de prolonger l’utilisation des combustibles fossiles sur le long terme.

La principale source d’inquiétude aux yeux d’Energy Cities reste l’Alliance européenne pour un hydrogène propre qui regroupe l’industrie des énergies fossiles, les institutions européennes et les ministres des Etats membres, mais sans participation, en l’état, des collectivités locales.

Or il est prévu de créer des « vallées de l’hydrogène » – à savoir des zones géographiquement localisées qui développeront une production locale d’hydrogène à partir d’énergies renouvelables produites de manière décentralisée et transportée sur de faibles distances pour satisfaire la demande locale.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Les prochaines étapes annoncées ont de quoi donner le vertige – et notamment le calendrier des 18 prochains mois. Stratégie pour l’éolien en mer d’ici la fin de l’année, révision des directives sur l’efficacité énergétique (DEE) et les énergies renouvelables (DER) avant l’été prochain et révision de la Directive sur la taxation de l’énergie et des règles relatives aux aides d’Etat, pour ne citer que quelques-unes des étapes annoncées.

La raison principale de la révision de la DEE et la DER est de les aligner sur les objectifs, plus ambitieux, définis pour 2030. Mais cette révision serait également une excellente opportunité de rompre avec les habitudes de consommation en y intégrant des objectifs de sobriété énergétique dans une optique de forte réduction de la demande.

Nous surveillons également de près un autre dossier d’intérêt pour les villes, à savoir le financement, à compter de l’an prochain, de projets phares de pôles industriels intégrés, neutres en carbone, produisant et consommant des combustibles renouvelables à faible teneur en carbone dans le cadre des programmes Horizon Europe, InvestEU et LIFE et du Fonds européen de développement régional (FEDER).