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Date de publication

24 janvier 2020

J’ai deux petits garçons, et sur les photos de famille, on dirait des anges. Mais ce n’en sont pas. Ce sont de petits diables qui se battent, jettent la nourriture et adorent jouer dans la boue. Résultat, je me retrouve avec des montagnes de linge à laver et les lessives occupent une part importante de mes pensées.

C’est sans doute ce qui explique mon attrait pour l’article paru sur LowTechMagazine.com. Selon cet article, les directives européennes ont permis d’améliorer la performance énergétique des sèche-linge de 72 % entre  1998 et 2012. Le sèche-linge que j’ai acheté cette année est encore plus performant. C’est plutôt une bonne nouvelle, non ? L’Union Européenne a calculé que l’étiquetage de la performance énergétique des sèche-linge à tambour aura permis « d’économiser jusqu’à  3,3 TWh d’électricité entre 2013 et 2020, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’énergie de Malte ».

Enfants entrain de jouer dans la boue

Ces chiffres sont impressionnants et représentent une réelle victoire en matière d’efficacité énergétique. Mais ils sont également un constat d’échec dans la lutte contre le changement climatique.

En effet, combien d’énergie aurait pu être économisée et d’émissions évitées si nous avions tous utilisé de simples étendoirs à linge ?

Les étendoirs à linge n’ont rien à voir avec l’efficacité  énergétique, c’est de sobriété énergétique dont il est question.

Cet exemple est révélateur des choix que nous devons faire. Un autre exemple concerne le remplacement des véhicules à combustion interne par des véhicules électriques. Ces derniers ont un rendement énergétique plus élevé, cela ne fait aucun doute. Mais si l’on aborde ce choix par l’angle de la sobriété  énergétique, alors c’est par la marche, le vélo et les transports publics qu’il faut remplacer la voiture.

Nous devons en effet passer de la performance énergétique  à la sobriété énergétique. C’est la seule façon de réduire nos émissions dans les proportions, vertigineuses, qui sont attendues.

Et c’est là où le Pacte Vert pour l’Europe, du point de vue des villes, a un rôle important à jouer.  

Ce plan global attendu pour cet été et qui vise à porter les objectifs de réduction des émissions de CO2 à 50 ou 55 % d’ici 2030 doit intégrer un important volet sur la sobriété énergétique, une dimension qui devra, à son tour, se retrouver dans les innombrables initiatives qui seront prises dans le cadre du Pacte Vert pour l’Europe.

Pour commencer, l’établissement d’un budget carbone permettrait de pointer du doigt les dépenses qui tout simplement coûtent trop cher en argent et en carbone pour pouvoir être maintenues au niveau local, national ou européen.

Les derniers plans nationaux en matière d’énergie et de climat attendus en juin doivent également être évalués à l’aulne de la sobriété énergétique.

La « vague de rénovation » annoncée,  la stratégie industrielle de l’UE et le plan d’actions en faveur de l’économie circulaire, tous gagneraient à être passés au crible de ce concept.

Mais plus important encore, le Pacte pour le Climat doit contribuer à insuffler aux européens l’importance et l’absolue nécessité d’une plus grande sobriété.

Le Pacte pour le Climat, selon la Commission européenne, est crucial pour le succès du Green Deal européen car il a besoin de l’implication et de l’engagement du public et de toutes les parties prenantes. La Commission lancera un pacte climatique européen d’ici mars 2020 en mettant l’accent sur trois façons d’engager le public dans l’action climatique.

Des villes montrent déjà le chemin. Voici ce qu’inspire à Michèle Jacobs, de Leuven 2030,  la nécessité d’instiller une transition partagée :

« Les changements systémiques dont nous avons besoin dans différents domaines (transfert modal, déchets, consumérisme et égalité sociale) sont plus difficiles à percevoir. Mais nous ne pourrons y arriver que lorsque nous aurons atteint une réelle égalité sociale  – à tous les niveaux. Faute de quoi nous ne ferons que polariser la société. Il faut pouvoir embarquer tout le monde avec nous.  Et ce n’est pas seulement Louvain, mais toutes les villes, qui doivent s’y mettre ».  

C’est précisément le rôle que doit avoir le Pacte pour le climat au sein du Pacte Vert pour l’Europe – faire que chaque ville et chaque citoyen porte un regard neuf sur la sobriété énergétique et en fasse sa priorité.  Je ferai ma part avec mes deux enfants. Mais il nous reste encore un long chemin à parcourir.