Energy Cities se félicite de la nouvelle approche axée sur des missions qui a été proposée pour le prochain programme Horizon Europe. Les principes mis en avant dans le rapport Mazzucato font écho aux visions des villes, qui seront dans une large mesure le « bras armé » de l’innovation de l’Europe.
Le fait que le rapport reconnaisse que les missions devraient stimuler l’innovation « dans tous les secteurs, avec tous les acteurs et pour toutes les disciplines » est un principe fondamental qu’il est essentiel de faire respecter dans tous les domaines.
La gouvernance est si déterminante qu’elle devrait également être au cœur des projets de villes climatiquement neutres et intelligentes issus de la mission, plutôt qu’un simple concept guidant leur conception et leur mise en œuvre.
Les villes devront inventer et concevoir une « nouvelle génération » de modèles organisationnels et économiques afin de libérer pleinement le potentiel des technologies décentralisées. Pour sortir de dépendances bien ancrées et développer de nouveaux modèles de partenariat tout au long de la chaîne de valeur de l’économie circulaire, il faudra également élaborer des solutions inventives.
Dans ce contexte, les projets axés sur la gouvernance qui renforcent les capacités internes des villes en matière de climat et d’énergie ne peuvent se limiter au futur programme LIFE, qui est moins bénéfique pour les autorités locales en termes d’organisation administrative et financière.
La transposition à plus grande échelle des techniques, des technologies et des produits innovants grâce à des approches et des modèles organisationnels ingénieux permettra à l’Europe de se positionner sur le devant de la scène de l’innovation.
Recommandation #1: favoriser une « ingénierie de la gouvernance »
La plupart des produits, services, techniques et avancées technologiques qui devraient contribuer à la neutralité climatique dans les villes ont déjà été testés avec succès sur le marché. Si nous prenons l’exemple du chauffage urbain de quatrième génération ou du covoiturage communautaire, tous deux ont fait l’objet
de nombreux projets pilotes en Europe. Cependant, les villes ont encore du mal à trouver le bon modèle pour permettre leur pleine adoption.
Les villes sont les nœuds du futur système énergétique. Une véritable « ingénierie de la gouvernance » est donc nécessaire lorsqu’il s’agit pour les villes de monter des accords complexes et des partenariats avec leurs acteurs locaux, tels que les compagnies de distribution, les citoyens et autres opérateurs économiques.
Dans le même temps, les collectivités locales doivent bénéficier d’un soutien à la recherche et à l’innovation pour adapter l’ensemble de leur fonctionnement économique et institutionnel à la question climatique.
Recommandation #2: adapter régulièrement le plan de travail et les priorités de la Mission en fonction de l’évolution des besoins des villes
Les priorités en matière de recherche et d’innovation ne peuvent pas être figées trop longtemps, faute de quoi on court le risque de créer des blocages.
Le Conseil de la Mission doit donc s’appuyer largement sur les boucles de rétroaction régulières des autorités locales pour assurer un plan de travail souple et modulaire, adapté aux besoins en constante évolution des villes.
Cela peut se faire par exemple par le biais de processus impliquant la Convention des Maires pour le Climat et l’Énergie de l’UE, l’initiative la plus représentative dans le domaine de l’énergie et du climat dans les villes. Les 8 000 signataires européens sont désormais représentés par un Conseil des maires de sept pays différents de l’UE, avec une représentativité équilibrée en termes de région couverte, de mix énergétique, de niveau d’avancement, etc.
Recommandation #3: aider les villes à se libérer de leurs dépendances systémiques
La neutralité climatique ne pourra se concrétiser sans s’attaquer à la dépendance structurelle des villes à l’égard des combustibles fossiles (y compris le gaz naturel), à l’utilisation répandue des voitures (quel que soit leur combustible) dans les centres urbains et à la dépendance vis-à-vis des ressources extérieures (énergie et consommation alimentaire).
Les projets financés dans le cadre des missions doivent donc s’attaquer à ces déficits structurels d’une manière globale. Aux Pays-Bas, par exemple, de nombreuses villes se sont engagées à créer des « quartiers sans gaz ». En Belgique, la ville de Liège réduit son bilan énergétique et alimentaire à l’importation par la création de boucles locales d’approvisionnement qui associent tous les acteurs locaux.
Dans de nombreux pays de l’UE, les villes expérimentent constamment la création de routes et d’axes permanents sans voiture. Mais elles ont besoin d’aide pour aller un peu plus loin et imaginer des centres urbains sans voiture.
Recommandation # 4: exploiter et soutenir les agences locales de l’énergie
Depuis la fin des années 90, les agences locales et régionales de l’énergie et du climat se sont multipliées en Europe grâce au soutien financier de l’UE pour la recherche et l’innovation. Ces agences ont contribué à organiser le soutien local et régional à l’action climatique d’une manière efficace et systémique. Dans de nombreux pays, l’avenir de ces agences est aujourd’hui menacé par la réduction des dépenses publiques. Le succès de l’approche axée sur les missions du programme de recherche et d’innovation dépendra de la coordination cruciale de ces agences, qui devraient être soutenues là où elles existent et créées dans les régions qui manquent de ces structures organisationnelles essentielles.