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Date de publication

15 juin 2023

Ces dernières semaines, une partie du Parlement européen a choisi de boycotter les discussions sur le projet de règlement de « restauration de la nature ».

C’est assez inédit, en général les débats s’embourbent et plutôt qu’un refus frontal, des négociations sans fin vident de nombreux textes de leur substance. Mais ici, ce qui se joue, c’est une lutte pré-électorale (déjà !). Et elle n’augure rien de bon : les personnes qui cherchent à convaincre que nous ne pourrons assurer notre sécurité alimentaire sans continuer à détruire les sols, les eaux et les forêts, sont celles qui ont fait reculer le Pacte vert pour l’Europe. La Commission européenne a déjà proposé de revoir ses propositions pour ne pas inclure d’obligations de résultats mais seulement d’efforts. Même pas d’obligation de moyens…

Alors que, de son côté, la Banque Centrale Européenne vient de publier une analyse des risques que la chute de la biodiversité fait peser sur le système bancaire : « près de 75 % de tous les prêts bancaires de la zone euro sont accordés à des entreprises fortement dépendantes d’au moins un service écosystémique ». « Si la dégradation de la nature se poursuit comme aujourd’hui, ces compagnies vont en souffrir et le portefeuille de crédits des banques va devenir plus risqué. », écrit Franck Elderson, membre du directoire de l’institution de Francfort, dans un article publié le 8 juin blog de la BCE.

La Commission propose des objectifs concrets pour protéger la nature en ville.

Les Etats Membres devraient atteindre 10 % d’espaces verts et bleus en milieu urbain d’ici 2040, et au moins 15 % d’ici 2050. La plupart de ces zones devraient être légalement protégées. Les villes sont déjà fortement mobilisées et plus ambitieuses, la nature en ville est une garantie d’une bonne qualité de vie, de résilience des espaces urbains, solution nécessaire pour lutter contre les îlots de chaleur, pour améliorer la sécurité alimentaire…

C’est une directive de plus qui introduit des obligations spécifiques pour les villes sans pour autant qu’elles soient associées à la gouvernance des politiques qui rendront possibles ces objectifs. La Commission doit s’appuyer sur les collectivités locales. Ce sont elles qui sont en capacité de construire des alliances avec les entreprises dépendantes d’écosystèmes sains, avec les groupes sociaux vulnérables qui, sans une politique municipale agricole, énergétique, économique (etc. !), ne pourront pas accéder au minimum vital.

Reculer devant le chantage et les peurs n’est plus une option

(Même si elle n’aurait jamais dû l’être, d’ailleurs…)

PS: le 15 juin, 44 députés ont voté contre et 44 députés pour l’examen de la proposition de règlement ; le processus législatif va donc suivre son court.


*« No nature, no food » est le slogan d’une Campagne du groupe Parlementaire européen des Verts/ALE