Le nouvel objectif de l’UE pour 2030

Quelles conséquences pour les villes et comment y parvenir


À propos

Date de publication

02 octobre 2020

La Commission européenne a formellement proposé de réduire de 55 % les émissions de GES d’ici 2030, un progrès substantiel par rapport au précédent objectif de 40 %. Bien qu’il n’ait pas encore été approuvé par le Parlement européen ni par le Conseil, ce nouvel objectif a toutes les chances d’être retenu.

Mais au-delà des chiffres, le plus intéressant reste l’analyse d’impact (en deux parties, Partie 1 et Partie 2 – attention, elles font plusieurs centaines de pages !) et le plan mis en avant pour atteindre cet ambitieux objectif. Concrètement, qu’est-ce que cela implique pour les villes ?

Dans le secteur de l’énergie

Un sérieux coup de pouce pour les énergies renouvelables  – Le plan propose de doubler la capacité de production des énergies renouvelables, de 32 % aujourd’hui à 65 % d’ici 2030. Il y a là une opportunité à saisir pour l’énergie citoyenne de satisfaire une partie de ces besoins  au cours des dix prochaines années. Une opportunité que devra prendre en compte la révision de la directive sur les énergies renouvelables prévue en juin 2021.

Plus d’efficacité – Réduction de 36 à 37 % de la consommation d’énergie finale (énergie totale consommée par les utilisateurs finaux) et réduction de 39 à 41 % de la consommation d’énergie primaire (énergie totale utilisée pour répondre aux besoins énergétiques finaux, par exemple le gaz utilisé pour produire de l’électricité). Actuellement, la directive sur l’efficacité énergétique prévoit une baisse de 32,5 % d’ici 2030, elle sera donc elle aussi révisée d’ici juin 2021.

Le charbon fait ses adieux mais le gaz résiste – Le charbon sera en grande partie supprimé en 2030, sa part devant alors avoir diminué de 70 % par rapport à 2015, tandis que le pétrole et le gaz enregistreront une baisse plus modeste de – 30 % et – 25 % respectivement.

Dans le secteur du bâtiment et du chauffage

La vague de rénovation (attendue le 14 octobre) – Elle entend cibler les bâtiments individuels et adopter une approche à l’échelle du quartier afin d’accroître la performance énergétique et le transfert vers des sources de chaleur renouvelables. Il est ainsi envisagé d’établir « des exigences obligatoires pour les bâtiments les moins performants et de durcir progressivement les exigences minimales en matière de performance énergétique »  mais il n’est pas précisé par qui ni comment ces exigences minimales seront appliquées.

Le chauffage est mis en avant – La Commission européenne appelle à mettre davantage l’accent sur les solutions locales de chauffage et de refroidissement qui associent chaleur fatale et énergies renouvelables  et mentionne spécifiquement  « les systèmes modernes de chauffage urbain à basse température ». Les membres d’Energy Cities ont une grande expérience dans ce domaine et sont bien placés pour tirer parti de l’importance donnée à ce secteur.

Aller plus vite vers une mobilité plus propre  

Voitures à émissions nulles  – Il n’est pas proposé explicitement d’éliminer progressivement les véhicules à carburant fossile, mais il est prévu, d’ici à 2030, de réduire de 50 % les émissions par kilomètre pour les voitures particulières par rapport à 2021. Cela va nécessiter un nombre important de véhicules à émissions nulles ainsi que de réduire la taille globale du parc automobile grâce à des  « services de transport collectifs durables ».

Principaux points de la proposition de la Commission européenne sur les objectifs d’émissions pour 2030

Puits de carbone et partage des coûts

Redistribuer les recettes – Une des propositions consiste à utiliser les recettes des enchères du système communautaire d’échange de quotas d’émission (SEQE -UE) pour lutter contre la pauvreté énergétique et aider les ménages les plus pauvres à investir dans des technologies plus propres, créant ainsi un cercle vertueux. Il est également proposé d’étendre le SEQE-UE à l’ensemble des bâtiments et des transports. C’est une question très controversée que nous suivrons de près et il n’est pas certain que cela soit efficace dans l’un ou l’autre de ces secteurs.

Utiliser les terres –  La Commission européenne espère que l’amélioration de la gestion des forêts et la restauration des zones humides, tourbières et terres dégradées, conformément à la stratégie en faveur de la biodiversité, auront un impact majeur sur les émissions globales et sur la réalisation de l’objectif de zéro émission nette en 2050, car il est évident que ce type de changement dans l’affectation de terres nécessite du temps. Les villes auront donc un rôle de plus en plus important à jouer dans le reboisement et l’augmentation de la séquestration du carbone dans les espaces verts existants.