PLANTONS LE DÉCOR… DU DÉBAT SUR LA SÉCURITÉ ÉNERGÉTIQUE AU PARLEMENT EUROPÉEN


À propos

Auteur

Alix Bolle

Date de publication

19 mai 2015

Fin 2014, le Parlement européen publiait un rapport sur la Stratégie pour la Sécurité Energétique de l’Europe mettant l’accent sur l’importance de diversifier les routes d’approvisionnement pour les énergies fossiles. Le rapport semblait toutefois passer à côté de l’importance de réduire la consommation énergétique et d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables. Il se concentrait à l’inverse sur l’énergie nucléaire et les hydrocarbures non-conventionnels. Le rapport a été adopté par le comité ITRE (en charge des questions énergétiques au Parlement) le 11 mai. Heureusement, il a été amendé de manière significative dans une direction plus positive.

Le rapport inclut encore beaucoup de références à des modes de production d’énergie dépassés et centralisés (tels que les énergies fossiles endogènes et l’énergie nucléaire). De plus, certains amendements renforcent l’attention sur la capture et le stockage de CO2 (détournant potentiellement les investissements en R&D dans l’efficacité énergétique et les renouvelables) et ne reconnaissent pas le rôle des autorités locales à sa juste valeur. Cependant il offre maintenant un cadre plus positif par rapport au rôle de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables dans l’amélioration de la sécurité énergétique.

L’efficacité énergétique est à présent considérée comme une priorité, étant citée dans le rapport comme une source d’énergie en tant que telle. Une autre évolution positive est l’appel à faire de la décentralisation du système énergétique un composant essentiel de la sécurité énergétique européenne. Par ailleurs, le texte adopté par le Parlement européen met en avant la gouvernance multi-niveaux dans un approvisionnement sécurisé de l’énergie. Le Parlement déplore également le manque d’ambition du cadre 2030 pour les politiques énergie-climat adoptées par le Conseil européen en 2014 et appelle à des objectifs nationaux contraignants et à des objectifs plus ambitieux en matière d’efficacité énergétique et de renouvelables .

Ces temps-ci, la sécurité énergétique reçoit beaucoup d’attention à Bruxelles. Des régions de l’UE comme les pays baltes ou la Pologne, qui dépendent totalement de la Russie pour leur approvisionnement en gaz naturel, rendent nécessaire une stratégie cohérente pour « garder les lumières allumées » en toutes circonstances pour les citoyens européens.

La sécurité énergétique est un composant principal du projet ambitieux de l’ « Union de l’Energie ». Cette politique-phare de la Commission Juncker a été proposée par le Président actuel du Conseil européen comme un moyen de diminuer la vulnérabilité du système énergétique européen aux chocs dans l’approvisionnement extérieur et d’accroître le pouvoir de négociation de l’UE en tant qu’importateur de gaz. Toutefois, le débat autour de l’Union de l’Energie (et plus généralement de la politique énergétique au niveau européen) est aujourd’hui structuré autour des partisans de cette deuxième vision d’une part, et d’autre part, de ceux qui voient cette politique ambitieuse comme un moyen de redessiner complètement le système énergétique pour réaliser la transition énergétique (voir la position d’Energy Cities sur l’Union de l’Energie).

Ce débat sur la sécurité énergétique au Parlement européen intervient dans un contexte plus large de création d’une Union de l’Energie. La Stratégie pour la Sécurité Energétique montre comment le débat est organisé, et à quels changements nous devons nous préparer. Il est crucial puisque le texte instaurant l’Union de l’Energie doit être présenté prochainement aux députés européens. C’est là que les autorités locales en transition énergétique doivent se faire entendre pour s’assurer que l’efficacité énergétique, la production d’énergie renouvelable et la décentralisation soient bien intégrées au texte.

© photo Diliff, CC BY-SA 3.0