La ville et la métropole de Rennes sont engagées depuis des dizaines d’années dans une politique énergie-climat ambitieuse pour réduire les émissions de CO², améliorer les performances énergétiques des bâtiments, sensibiliser la population et développer les modes de transports doux : vélo, marche …
Territoire avec un fort développement démographique, à la qualité de vie reconnue et au dynamisme économique soutenu, Rennes Métropole relève le défi d’une transition énergétique portée collectivement par l’ensemble des acteurs du territoire.
Olivier Dehaese
Vice-Président de Rennes Métropole en charge du Plan Climat Énergie et Territoire
http://metropole.rennes.fr/
Rennes Métropole vient de renouveler son Plan Climat, quelles en sont les nouvelles orientations ?
La loi de transition énergétique pour la croissance verte et les décrets qui en découlent ont fixé de manière assez stricte le contenu des plans climat Air Énergie Territoriaux. Je dirai que les deux nouveautés principales par rapport aux premières générations de plans climat sont la nécessité de traiter de la qualité de l’air – ce que nous avons fait, bien entendu – et le caractère territorial du PCAET.
Il n’est plus question de traiter uniquement de son patrimoine et de ses compétences mais il est indispensable de faire du PCAET un outil partenarial de territoire en faveur de la transition énergétique. C’est en tout cas ce que nous avons cherché à faire à Rennes Métropole.
La construction d’une trajectoire à 2030 avec 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre – soit 50% de réduction par habitant dans notre territoire en croissance démographique – a été un exercice exigeant. Il a mis en évidence, secteur par secteur, l’ampleur de la tâche et donc l’absolue nécessité d’impliquer l’ensemble des acteurs du territoire (collectivités, services publics, entreprises, citoyens) pour qu’ils s’engagent. Au fond, c’est un modèle de développement renouvelé qui se construit à travers notre PCAET et son plan d’actions. Malgré la tâche ardue qui s’offre à nous, c’est un formidable défi à relever collectivement.
Comment mobilisez-vous la société civile, la communauté locale ?
Pour l’élaboration du PCAET de Rennes Métropole nous avons réuni à plusieurs reprises un comité d’orientation regroupant les forces vives du territoire : les communes de la métropole, les chambres consulaires, les bailleurs sociaux, les distributeurs d’énergie, des associations… Tous ont été invité à contribuer au plan d’action pour l’enrichir et en faire un véritable plan territorial, engageant pour tous.
Nous avons également sollicité avis et contribution du conseil de développement de la métropole. Celui-ci, par sa composition, a vocation à irriguer l’ensemble du territoire et à faciliter la transmission des objectifs politiques aux citoyens. C’est indispensable pour aider chaque habitant à adopter des pratiques nouvelles plus vertueuses.
Enfin, notre comité d’orientation va prochainement se transformer en véritable conférence locale de la transition énergétique en s’enrichissant de nouveaux acteurs. Ils seront tous invités à prendre des engagements qui complèteront le plan d’action. Cela permettra donc de le revisiter régulièrement et de vérifier son adéquation à notre trajectoire de transition énergétique.
Sur quels partenariats une métropole comme Rennes s’appuie-t-elle pour renforcer son action politique ?
Plutôt que de répondre avec des généralités je préfère donner deux exemples concrets.
Forts de notre déjà ancien programme local de l’agriculture, nous avons engagé une démarche partenariale avec la chambre d’agriculture d’Ille et Vilaine autour des questions énergétiques et climatiques. Une dizaine d’élus des communes de la métropole et une dizaine d’agriculteurs se sont réunis plusieurs fois pour tracer des perspectives et mesurer les limites d’une politique de transition énergétique en agriculture dans une terre de polyculture élevage.
Au-delà de l’interconnaissance entre les acteurs, cela a permis de prioriser les actions possibles et d’alimenter le plan d’action du PCAET de Rennes Métropole.
En 2009-2010, plus de 30 communes de la métropole ont signé la convention des maires. Au fil des années et des changements d’équipes municipales en 2014, la dynamique s’est un peu érodée au grand dam de certains élus. La démarche d’élaboration du plan climat a été l’occasion de la relancer. Un groupe de communes volontaires, soutenu par le service transition énergétique et écologique et l’agence locale de l’énergie et du climat (ALEC) du Pays de Rennes a planché sur la construction d’un catalogue d’actions. Ce catalogue a été proposé aux 43 communes de la métropole. Elles ont pu y puiser des méthodes et des idées, simples ou plus complexes, pour élaborer leurs propres plans d’actions. Ceux-ci complètent, au plus près des citoyens, le plan d’action métropolitain et ont relancé la dynamique de transition énergétique. Ce partenariat entre la métropole et les communes est primordial pour inciter chaque citoyen à s’engager à la mesure de ses possibilités mais de manière très concrète.
La ville et la métropole de Rennes, sont toutes les deux engagées dans des initiatives et des projets européens, comme la Convention des Maires, ENGAGE, Display, quel serait votre message à l’Union européenne ?
L’Union Européenne a pris des engagements internationaux de réduction d’émission de gaz à effet de serre, Rennes Métropole comme tous les territoires est prête à amplifier son engagement. Cependant, dans un contexte budgétaire contraint, l’ambition n’est pas toujours facile à porter. Alors je dirais à l’Union Européenne, maintenez l’effort financier pour aider aux nécessaires investissements mais aussi pour que la transition énergétique ne laisse aucun citoyen sur le bord de la route .
Venez rencontrer Olivier Dehaese à Rennes lors de notre prochaine conférence annuelle
© photo : Julien Mignot