Retrouver la confiance

Edito politique par Claire Roumet


À propos

Date de publication

15 décembre 2020

J’ai changé d’avis au moins 10 fois sur le contenu de cet édito. Traditionnellement, en Décembre on regarde l’année écoulée, et en janvier celle qui vient : mais là…que dire ! Il s’est passé tellement de choses, et comment prendre du recul dans un quotidien confiné entre 4 murs, sans avoir l’occasion d’en discuter de vive voix. Et faut-il écrire quelque chose ?

Mais il y a de bonnes nouvelles !

Le Conseil européen vient d’adopter un budget sans précédent pour les années à venir avec un plan de relance et le prochain cadre financier jusqu’en 2027. Avec respectivement 30% et 37% des dépenses qui devront être fléchées pour des actions climat. C’est beaucoup d’opportunités pour les villes. Encore faut-il que soit mis en place rapidement une assistance technique, des financements, des soutiens pour qu’elles puissent faire atterrir les Fonds européens localement. D’ailleurs c’est la nouvelle crainte des institutions européennes : comment booster le taux d’absorption des Fonds européens.

Au-delà des montants et de leur fléchage, ce sont aussi des objectifs ambitieux, de réduction de -55% des émissions GES pour 2030 et l’ambition d’atteindre la neutralité carbone en Europe en 2050 au plus tard. Néanmoins, les orientations et débats politiques autour de priorités ne semblent pas prendre la mesure des changements nécessaires. Les propositions européennes s’engouffrent dans des choix technologiques, parient sur l’hydrogène et les batteries, sur les gaz de toutes les couleurs ; Il n’est pas facile pour les acteurs locaux de se positionner sur le développement des politiques énergétiques sans connaitre mieux les enjeux. C’est ce que nous essayons de faire avec cette newsletter spéciale sur l’hydrogène pour décrypter dans une perspective locale ce que ce « véhicule », ce nouveau flux, peut changer dans la gestion de l’énergie.  Au-delà des solutions technologiques, une question n’est jamais évoquée :  la réduction des besoins. La sobriété reste un tabou absolu. Non documentée, non pensée, non portée.

L’approche par secteurs, de substituer les sources, sera incapable de nous faire atteindre les objectifs, tous les scientifiques le disent. Il doit s’agir d’un projet collectif, et de redonner du pouvoir d’agir à chacun. Mathieu Saujot et Laura Brimont viennent d’écrire une brillante analyse des liens entre inégalités sociales et transition écologique. Leurs propositions sont claires : il est essentiel de réaffirmer la transition comme un projet collectif ; la participation citoyenne comme vecteur d’engagement et de légitimation et il faut s’appuyer sur des tiers de confiance (comme les Maires) pour contrer la défiance.

Il y a partout en Europe des exemples qui incarnent ces trois dimensions, comme le lancement par la ville de Porto d’un projet d’entreprise municipale de l’énergie avec une participation citoyenne. Mais, les dimensions collective, participative, et les projets renouant les liens doivent se retrouver dans la stratégie des plans de relance, dans les plans climat et donner une colonne vertébrale pour la transition. Le Forum de Paris du 11 Décembre a montré la vitalité des engagements des Maires du monde entier pour célébrer les 5 ans de l’Accord de Paris.

Cette myriade d’initiatives doit devenir le centre du projet politique national et européen, global de la transition !