« Si tu n’avais qu’un souhait ? »

Edito politique par Claire Roumet


À propos

Date de publication

12 septembre 2019

Au cœur de l’été, loin du bitume surchauffé du Bruxelles, cette question anodine, posée lors d’une conversation avec une amie après une belle balade : « Et si vous ne demandiez qu’une mesure à la future Commission européenne, ce serait quoi ? ».

Toujours utiles les vacances pour avoir une autre perspective et confronter nos priorités à la réalité ! Comment expliquer le besoin d’avoir un budget climat à tous les niveaux (européen, national, local) de façon intelligible d’abord, mais pertinente surtout, quand les changements réels, les transformations de nos modes de vies sont à l’œuvre sans avoir besoin de concepts ésotériques ? Comment résumer les huit demandes de notre Manifeste pour les décideu·rs·ses européen·ne·s qui nous ont déjà demandé un effort de sélection drastique ?

Il faut tout changer !

C’est le résumé simplifié que nous pourrions envoyer au nouveau Vice-Président de la Commission européenne en charge du climat, Frans Timmermans.

Frans Timmermans est déjà Vice-Président depuis 5 ans avec la tâche difficile de faire respecter l’État de Droit dans l’Union européenne. C’est un supporter des municipalités et du développement durable. C’est une très bonne nouvelle pour la transition locale.

Le « Pacte Vert » dont il devrait avoir la responsabilité[i] (promesse de la Présidente de la Commission) doit inscrire l’objectif de neutralité carbone dans la loi. Il devrait aussi orienter toutes les politiques européennes vers une réduction massive de notre empreinte, pas seulement carbone, mais sur toutes les ressources. La Présidente de la Commission a également promis la mise en place du Fonds pour la transition juste et de transformer la BEI en une Banque climat. 

Il est trop tôt pour avoir les détails des ambitions affichées par le nouvel exécutif. Certaines propositions sont déjà sur la table. La BEI a, par exemple, proposé de revoir ses critères de prêts pour exclure les énergies fossiles. Le « Fonds pour une transition juste » a été demandé par le Parlement et la Commission travaille déjà sur la proposition. Néanmoins, pour ce dernier le soutien franc de la nouvelle Commission permettra d’en faire un programme qui pourrait changer l’approche de la transition locale dans la politique de cohésion.

Ce Fonds peut devenir un outil de transformation des territoires s’il permet d’investir massivement dans une « gouvernance climat ». Comme au niveau européen, toutes les politiques locales doivent s’aligner pour être en mesure d’atteindre la neutralité climat. Le nouveau Ministre du Climat de la Région Bruxelles-Capitale en a fait une priorité pour la prochaine mandature[ii].

C’est la leçon que nous pouvons retenir des villes qui avancent : le budget climat est un des outils possibles pour changer les décisions, changer les critères d’investissements publics et les orienter vers des mesures qui favorisent la résilience des territoires… Mais c’est toute la gouvernance qui doit être transformée pour mobiliser les act·eurs·rices et partager les responsabilités et bénéfices de la transition.


[i] Son portfolio doit être confirmé après son audition en octobre par le Parlement européen

[ii] La région Bruxelles Capitale est membre d’Energy Cities. Voir l’interview d’Alain Maron sur la méthode pour atteindre la neutralité carbone