Vague verte aux élections municipales

Edito politique par Claire Roumet


À propos

Date de publication

16 juillet 2020

C’est l’info du mois en France, mais pas seulement, et c’est sans doute ce qui est le plus intéressant.

Fin juin se sont tenues les élections municipales en France. Les résultats ont confirmé une tendance observée depuis quelques années en Europe : ce sont les candidates ou candidats avec un agenda clair en matière de transition écologique qui ont été choisi·e·s pour tourner la page des villes vitrines, polluées par d’incessants flux de véhicules thermiques, congestionnées et où il est impossible de se loger correctement.

Devenir une métropole mondiale et entrer en compétition pour attirer les classes sociales porteuses d’innovation, cosmopolites et diplômées n’est plus une priorité. Il est vrai que la crise sanitaire a agi comme un révélateur pour identifier ce qui compte vraiment au quotidien. Notre héroïne, c’est la boulangère du quartier. D’ailleurs, elle aussi est surdiplômée.

Les maires de Dublin, de Budapest, de Marseille… tou·te·s écologistes, ont pris la tête de coalitions municipales et le futur « agenda urbain » en sera profondément transformé. Est-ce un nouvel engouement des grandes métropoles, ou un changement plus profond ? Notre analyse est que la transition écologique n’est pas seulement tendance, c’est une lame de fond comme en témoigne également les conclusions de la Convention Citoyenne pour le  Climat.

En France, pendant plus de 9 mois, 150 citoyen·ne·s tiré·e·s au sort ont débattu des politiques nécessaires pour atteindre une réduction des gaz à effet de serre de 40% en 2030. Ils ont rendu leurs 149 propositions au Président de la République le 21 juin. La méthode choisie pour leur élaboration était rigoureuse et a donné les clefs aux participant·e·s sur les questions à traiter en priorité ou sur le choix des expert·e·s auditionné·e·s. Leur constat est sans appel. C’est le même message qui est donné par les scientifiques du Haut Conseil pour le Climat[i] qui a publié son dernier rapport début juillet : il faut accélérer la transition, il faut placer la sobriété beaucoup plus haut sur l’agenda politique, et voir toutes les mesures proposées comme un système cohérent qui touche tous les secteurs, toute l’organisation de la société.

Conscient·e·s de leur responsabilité, ils et elles souhaitent s’investir sur le long terme et suivront la mise en œuvre de leurs propositions (Emmanuel Macron a fait la promesse d’en transposer 146 sur les 149). Une de celles que le Président français a écartée, hautement symbolique, est celle « de placer la protection de l’environnement au-dessus des libertés publiques, au-dessus même de nos règles démocratiques »[ii]. Et c’est pourtant bien cette question principale dont il va falloir débattre. Que vaut cette liberté de détruire nos conditions d’existence et celles des générations à venir ?

Il semble que les élections municipales récentes et les conclusions des débats citoyens inédits (un exercice similaire a eu lieu au Royaume-Uni) apportent des réponses, et posent des limites à notre conception actuelle des libertés individuelles, comme celle de consommer et consumer la planète au-delà de ses capacités à se régénérer. Mais il semble aussi que cela engendre des choix de société, et donc d’organisation et de politiques publiques très différentes qui bousculent les équilibres entre niveaux territoriaux, entre acteurs, entre secteurs.

L’échelon local, plus près du quotidien et des aspirations citoyennes, a, dans ce domaine, un temps d’avance. Il sera donc de sa responsabilité d’emmener les échelons nationaux, européens, et mondiaux à prendre les décisions qui s’imposent !


[i] En France, un Haut Conseil pour le Climat composé de personnalités scientifiques indépendantes évalue chaque année les politiques gouvernementales dans leur ensemble au regard de la trajectoire bas-carbone adoptée et les écarts entre les objectifs 2050 et les tendances annuelles

[ii] Discours entier du Président de la République sur les 149 propositions https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/06/29/le-president-emmanuel-macron-repond-aux-150-citoyens-de-la-convention-citoyenne-pour-le-climat