Vents contraires

Edito politique


Il semblerait que les raisons d’être contre le Pacte Vert européen sont encore plus nombreuses que les législations qui en découlent. La loi de restauration de la nature est toujours en discussion mais déjà, en France, un Président de Région explique qu’il ne l’appliquera pas (les obligations contenues dans la proposition de directive sont néanmoins déjà en application en France). Le déploiement des pompes à chaleur en Allemagne…devient une « arme » de campagne électorale et a déchainé les oppositions pendant tout l’été. Les dernières propositions du Conseil européen du 25 septembre d’autoriser les vignettes EURO7 pour les voitures reviennent à un droit à polluer contradictoire avec les normes européennes de qualité de l’air…ou encore l’énième autorisation d’utiliser le glyphosate…et j’en passe…

Le Pacte Vert serait trop cher, impossible pour les classes populaires déjà sous le choc de l’inflation de se payer ce « luxe », ce serait une série d’obligations pour les agriculteurs, pour les ménages…des lois conçues par des élites coupées des réalités, et bien au chaud surtout, avec des belles Tesla dans le garage…

Pourtant, le dernier rapport du GIEC est absolument formel sur ce point (comme sur bien d’autres) : toute la littérature scientifique démontre que TOUS les objectifs du développement durable bénéficieront des politiques de lutte contre le changement climatique. Il y aura plus de cohésion, moins de pauvreté, plus d’accès aux ressources essentielles, à l’éducation si on combat le changement climatique maintenant. Et moins nous le faisons, si nous retardons donc l’application du Pacte Vert, plus les populations vulnérables seront négativement impactées. Le Pacte Vert, dans ses ambitions, est LA politique sociale de cette décennie comme l’expliquent très bien les chercheurs de l’IDDRI dans leur proposition sur le nouveau contrat social.

Pour ce nouveau contrat social, il faut que le Pacte Vert devienne réalité.  La démonstration de ses impacts positifs pour tous dépendra des choix politiques qui seront fait pour la traduction des objectifs dans le quotidien. Aider la mobilité douce, ce n’est pas seulement mettre des points de recharge sur tout le territoire, garantir l’accès à une alimentation durable, cela peut se faire avec quelques grands producteurs, ou en développant une production locale….

Et au-delà de ces choix, toutes les nouvelles obligations pour les municipalités qui sont inscrites dans les directives du Pacte Vert peuvent être de formidables opportunités pour améliorer la qualité de vie de tous. Si et seulement si, tous les territoires ont les ressources humaines, la gouvernance, les compétences, les financements qui vont avec.

Les municipalités sont mobilisées, il leur faut les moyens pour concrétiser. C’est le défi du prochain mandat (européen 2024/2029). Et c’est ce dont nous discuterons à Modena pour notre conférence annuelle.