La municipalité de Växjö, en Suède, s’est très tôt lancé un défi: devenir une ville zéro énergie fossile. Cet objectif correspond à un processus qui s’est construit au fil des ans: au départ, ce sont quelques actions qui, par leur succès, marquent les élus et propulsent la ville dans une transition énergétique puis écologique. Le processus fonctionne grâce à une étroite coopération entre acteurs politiques, économiques, institutionnels et citoyens.

Des événements externes, tels que l’eutrophisation des lacs dans les années 1960 et les chocs pétroliers dans les années 1970, éveillent l’intérêt des élus et marquent le début du processus. Pour les acteurs locaux, il est indispensable de rétablir la qualité des eaux: la ville gagne en qualité de vie et les rives attirent de nouveau les habitants. La compagnie énergétique municipale propose la biomasse comme alternative au pétrole pour ne plus être exposée aux variations du marché pétrolier. La biomasse est une source d’énergie locale provenant des forêts abondantes et stimule l’industrie forestière. Les élus constatent que les mesures écologiques et énergétiques ont des effets bénéfiques sur le développement local. Pour encourager cette tendance et en estimer le potentiel, la ville collabore avec la plus grande ONG environnementale de Suède. Cette dernière met en œuvre des actions qui offrent un cadre propice au dialogue entre élus et personnels municipaux et qui donnent lieu à de fructueux échanges entre acteurs économiques, politiques, socio-culturels et citoyens. En 1996, les échanges conduisent la municipalité à une décision unanime de faire de Växjö une ville zéro énergie fossile.

Deux étapes suivent la décision politique. La première couvre la période 1996-2006, où la municipalité n’a pas encore de plan d’action clair pour atteindre son objectif. Parallèlement, le gouvernement suédois lance un fonds d’investissement local qui aura un effet fédérateur pour Växjö : répondre à l’offre de financement permet à la ville de rassembler les acteurs locaux pour élaborer les projets et de définir les responsabilités. Ce travail constitue le point de départ de l’Agenda 21 Local. Toutefois, la ville constate en 2006 qu’il lui faut un plan d’action cohérent et à long terme pour atteindre son objectif. La deuxième étape débute en 2007. La ville crée alors la commission locale sur le climat avec les principaux acteurs publics et privés pour déterminer un plan d’action. Le travail de la commission permet d’identifier les axes prioritaires et les acteurs en charge des actions. La ville met en place un suivi annuel pour évaluer les avancées et ajuster les mesures si nécessaire. En 2010, Växjö annonce officiellement qu’elle atteindra son objectif «zéro énergie fossile» d’ici 2030.

En 2012, la ville a réduit ses émissions de CO2 de 41% par rapport au niveau de 1993. Le chauffage urbain est alimenté à 88% par de la biomasse et la part du pétrole dans le mix énergétique est passée de 100 à 6% en 25 ans. L’approvisionnement énergétique de Växjö est à 58% d’origine renouvelable, soit 10 points de plus par rapport au niveau national. En 2010, le taux de croissance économique est de 73% supérieur à celui de 1993. La ville rayonne comme pionnière en matière de transition écologique, son profil «vert» a déjà attiré entre 150 et 200 délégations du monde entier.

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