Comment encourager le développement de communautés d’énergie dans votre ville ?

La fondation pour le climat et l’énergie de Valence raconte les défis auxquels elle a été confrontée et les solutions qu’elle a trouvées.


À propos

Date de publication

13 février 2023

Valence a fait du chemin depuis qu’elle a rejoint Energy Cities en 2019. Reconnue sur la scène internationale comme un modèle de durabilité, la ville espagnole sera Capitale verte européenne en 2024. Une manière de récompenser tous ses efforts en faveur d’une transition écologique équitable et inclusive.

Nous nous sommes entretenus avec Arturo Zea, de la fondation pour le climat et l’énergie de Valence, l’une des organisations responsables de cette transition. En 2021, elle avait annoncé un objectif politique ambitieux : créer pas moins de cent communautés d’énergie dans la ville d’ici 2030. L’énergie communautaire est, en effet, une priorité pour Valence. Découvrez sans plus attendre les progrès réalisés et ce qui attend la ville espagnole.

« 100 communautés d’énergie d’ici 2030 », c’est un projet pharaonique. Par quels moyens comptez-vous y arriver ?

Cela semble très ambitieux, mais nous pensons être en mesure de motiver la création d’un grand nombre de communautés d’énergie.

L’Espagne connaissait autrefois une limite légale, à savoir que l’autoconsommation était restreinte à un rayon de 500 mètres autour des installations. Afin de remédier à cette limite physique pour le fonctionnement des communautés d’énergie, nous nous sommes fixé l’objectif de 100 communautés (Valence compte 19 districts regroupant 88 quartiers). Aujourd’hui, la limite a été étendue à 2 km, ce qui change la donne ! Comme certains quartiers sont très petits, il serait logique qu’une seule communauté regroupe plusieurs quartiers. Après tout, nous n’avons peut-être pas besoin des 100. Compte tenu de la taille de la ville, du nombre de quartiers et de leur répartition, avoir au moins une communauté énergétique par quartier nous permettrait de couvrir l’ensemble de la ville. Aujourd’hui, nous privilégions donc la mise à l’échelle plutôt que la réplication. Nous voulons optimiser les efforts des citoyens et réduire la complexité administrative et juridique.

Pour atteindre nos objectifs, nous disposons de différents outils, à commencer par nos guichets uniques pour la transition énergétique, les bureaux de l’énergie. Ces bureaux fournissent des informations et des formations sur, entre autres, les énergies renouvelables. Ils encouragent les citoyens à organiser et à promouvoir des projets d’énergie communautaire dans leurs quartiers. Avec une écoute, un accompagnement et une formation de qualité, nos concitoyens sont en mesure de mener à bien de tels projets. La première communauté d’énergie de Valence à Castellar L’Oliveral en est la preuve.

Entretenir de bonnes relations et nouer des partenariats stratégiques avec les entreprises du secteur public et du secteur privé, le monde universitaire et la société civile, est également primordial. Ainsi, nous pouvons accompagner le déploiement de projets communautaires dans les différentes étapes de leur mise en œuvre. Nous facilitons également le dialogue entre les communautés d’énergie, pour un échange de bonnes pratiques et des enseignements tirés. L’objectif final consiste à favoriser la création d’un réseau local de communautés d’énergie. Nous les voulons autosuffisantes et pertinentes en termes de taille, de nombre, et de services proposés. Nous souhaitons également qu’elles travaillent sur des achats communs de matériaux, qu’elles mutualisent leurs services de gestion, etc.

La première communauté d’énergie de Valence, à Castellar L’Oliveral, a été lancée fin janvier 2023. Comment s’est passé ce lancement ?

Le projet remonte à 2020, lorsque nous avons pu légalement entamer le travail autour de l’autoconsommation collective d’énergie renouvelable. La municipalité souhaitait amorcer des projets pilotes, en utilisant des toits publics et privés.

L’ensemble du processus a été dirigé et facilité par la fondation pour le climat et l’énergie de Valence. Nous avons lancé une campagne de communication afin d’impliquer les citoyens de deux quartiers différents et avons organisé une série d’ateliers, sur divers sujets : les énergies renouvelables (en mettant l’accent sur les systèmes PV), le cadre juridique existant relatif à l’autoconsommation collective et les structures juridiques envisageables pour les communautés d’énergie.

Très vite, des petits groupes de travail de 5 à 6 personnes ont créé des communautés structurées sous forme d’associations à but non lucratif. Comme le groupe de Castellar avait déjà identifié un toit public qui pouvait convenir, son projet a progressé plus rapidement que les autres. Ces groupes ne possédant aucune connaissance ni expérience préalable du secteur de l’énergie, nous avons pris le temps de leur expliquer les concepts et les procédures avec soin, autant de fois que nécessaire.

Quelle a été la plus grande difficulté à résoudre lors du déploiement du premier projet ?

Nous avions peu d’exemples au niveau national. Il a fallu surmonter plusieurs obstacles sur le plan technique et juridique. Le plus difficile a été la connexion au réseau, l’interopérabilité et l’échange d’informations entre les GRD (Castellar possède deux réseaux mixtes, un cas unique en Espagne) et avec les fournisseurs d’énergie.

Rien n’a été facile, mais nous avons fini par y arriver. Nous pouvons utiliser cette expérience pour promouvoir de nouveaux projets d’énergie communautaire et aider la communauté de Castellar à se développer et à acquérir de nouvelles installations.

Parlez-nous des membres de cette première communauté.

Les membres fondateurs se sont rencontrés au cours du processus participatif et mènent encore aujourd’hui le projet. Ce sont des personnes actives, dont la plupart sont nées et ont grandi à Castellar. Ainsi, les coûts de participation étaient relativement abordables : 600 € par 0,50 kWc, soit environ 130 € d’économies annuelles pour chaque ménage. À Castellar, le niveau de participation a toujours été élevé. Nous avons su convaincre la présidente de l’association de quartier de Castellar, Empar Puchades, militante dans l’âme, de diriger la communauté d’énergie afin qu’elle puisse profiter de ses relations. Les gens lui font confiance, le projet de communauté les a donc enthousiasmés.

Une fois les conditions pour rejoindre la communauté établies (coût des actions, contrats, etc.), nous avons organisé une présentation publique du projet. Les habitants ont exprimé en masse leur intérêt et nous avons atteint le nombre maximal de membres en quelques semaines seulement. Il y a même une liste d’attente pour les prochaines installations !

Avez-vous impliqué des foyers vulnérables ? Si oui, comment ?

Le projet cultive l’approche du droit à l’énergie : l’un des principaux objectifs inscrits dans les statuts de l’association est de lutter contre la précarité énergétique. Cependant, au vu de la complexité et de la nécessité d’installer les panneaux photovoltaïques avant fin 2021 (pour bénéficier d’une subvention régionale), notre fondation a acquis plusieurs parts supplémentaires de la communauté et les a distribuées gratuitement à trois foyers vulnérables de Castellar. Nous les avions identifiés avec l’aide du département des services sociaux de la municipalité.

La prochaine fois, grâce à notre participation au projet POWER UP financé par l’UE, nous essaierons d’inclure dès le début les foyers vulnérables dans les projets, en adoptant une approche plus inclusive et responsabilisante.

Que réserve l’avenir pour l’énergie communautaire à Valence ?

Nous créons actuellement de nouveaux bureaux de l’énergie, dont un mobile, qui se déplacera d’un district à l’autre. Cela nous permettra d’impliquer encore davantage les communautés d’énergie. Notre objectif est de 10 bureaux d’ici 2030. Nous avons également répondu à un appel national pour étendre nos services dans ce domaine.

Parallèlement, nous servons d’intermédiaires avec les institutions publiques et privées et essayons de trouver des espaces disponibles pour les installations des communautés. Au moins 3 communautés d’énergie ont déjà créé des entités légales en suivant l’exemple de Castellar. Elles devraient être lancées dans les prochains mois.

En outre, la municipalité a déjà mis en place des équipements photovoltaïques dans les cimetières locaux, dans le cadre du projet « RIP ». Nous travaillons sur plusieurs modèles afin de rendre cette énergie accessible aux citoyens, en particulier les plus vulnérables. Nous devrions trouver une solution rapidement !

Envie d’en savoir sur les projets de Valence en matière de développement durable ? Rendez-vous sur https://climaienergia.com/

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