Don’t look up !

Edito politique par Claire Roumet


À propos

Date de publication

13 janvier 2022

Mars 1972 : publication du rapport « les limites à la croissance »

Mars 2022 : Sommet européen des chef·fes d’Etat et de gouvernement autour du « nouveau modèle de croissance européen » ….

Difficile de ne pas entrer en résonance avec #DontLookUp !

Le phénomène #DontLookUp n’en finit pas de faire des vagues. Deuxième film le plus vu sur la plateforme Netflix et sorti juste avant Noël, son titre est devenu une expression courante. Pas un quotidien n’a manqué d’en faire sa « une » ; pas un‧e décideur‧se ne s’est positionné sur les messages qu’il porte. « Don’t look up » est le parfait édito de ce début d’année !

Je pourrais m’arrêter là pour commencer l’année 2022 et ne rien ajouter au tsunami que provoque ce film, si incisif dans sa description de notre incapacité à réagir collectivement pour assurer notre survie. Est-ce à la suite du film que l’ONU a décidé en décembre dernier, que 2022 serait l’année internationale de la recherche fondamentale ? Évidemment que non, mais le timing ne pouvait être plus parfait ! Il est effectivement temps de faire confiance aux scientifiques qui, de par le monde et avec méthode, nous alertent depuis des décennies.

J’ai pourtant envie de partager avec vous ma dernière surprise. 2022, c’est 50 ans après la publication du rapport « Les limites à la croissance » de Donella Meadows, Dennis Meadows et Jorgen Randers. Et c’est un choc !

Dans la version de 1972, les auteur·e·s posent 2022 comme fin de la croissance, expliquant qu’avant cela, les conditions ne seraient pas réunies pour vraiment freiner la machine, plus précisément pour qu’une partie de la population mondiale accède à un niveau de vie minimum. Deux mises à jour ont été publiées, dont l’une 30 ans après qui note la totale adéquation de la situation mondiale avec les prévisions de leur scénario classique, montrant l’inertie du système à changer de modèle économique. Leurs scénarii ont ceci d’intéressant qu’ils ne sont pas uniquement « climatiques », mais évaluent toutes les ressources planétaires et montrent leurs multiples interactions. Ils critiquent fortement le concept de développement durable qui continue à véhiculer l’idée de croissance et montrent dans leur modèle combien il est illusoire d’avoir une approche techno-centrée qui nous permettrait de garder une croissance économique infinie.

Mais ce qui est étonnant, proprement révolutionnaire, ce sont leurs conclusions. Dans leur dernier chapitre intitulé « Transition vers la durabilité : les outils » ils proposent les pistes d’action. Après des pages de modélisations de systèmes entrelacés, les outils efficaces sont : inspiration, travail en réseau, honnêteté, apprentissage et amour ! Les auteur·e·s notent qu’iels n’avaient pas osé les expliciter dans leur première version, mais qu’iels n’ont pas trouvé mieux, et surtout qu’iels ont la certitude qu’iels constituent une vraie réponse. Pas forcément la seule, mais une vraie réponse.

« Nombre d’entre nous éprouvent des difficultés à compter sur des outils aussi ‘tendres’ quand l’avenir de la civilisation est en jeu », et pourtant, nous disent-iels, seule se pose la question de « ce que nous voulons vraiment » pour donner naissance à de nouveaux systèmes.

Le Club de Rome, sous le leadership de Sandrine Dixon Declève, lance la campagne Earth4all pour une transformation basée sur la science et les citoyen·ne‧s et dans les limites de la planète. Energy Cities applaudit !

Je ne peux que recommander de commencer l’année en lisant l’intégralité des conclusions du rapport Meadows. Elles n’ont pas pris une ride ! Plus encore, elles proposent un agenda de l’action positif et porteur d’espoirs.

Inspiration, travail en réseau, honnêteté, apprentissage et amour : franchement cela ressemble furieusement à la raison d’être d’Energy Cities et cela nous donne encore plus d’énergie pour la mettre quotidiennement en œuvre !