EDITO POLITIQUE : A VOS MARQUES, PRÊTS, DÉBATTEZ !


À propos

Date de publication

15 janvier 2019

“To change everything it takes everyone” 
C’était le titre d’une journée de débat organisée par mon lieu culturel préféré à Bruxelles (Kaaitheater) ! Quel sens de la formule dans cette période tourmentée !

Au-delà de la crise démocratique française, profonde et emblématique, c’est la question du moment pour tous les pays européens, et ce sera le ton des prochaines élections européennes. Que l’on parle de transition juste ou inclusive, de justice climatique ou sociale ; il est clair que les changements de trajectoires à venir dépassent le changement d’approvisionnement des chaudières ou d’ampoules. Avant de pouvoir accélérer la transition, il faut expliciter, rendre visibles et intelligibles les trajectoires et instruire le débat, pour ensuite décider !

Ce même théâtre, le Kaaitheater, avait accueilli la performance du politologue Bruno Latour et de la metteuse en scène Frédérique Aït-Touati autour de la relation entre l’homme et son environnement. Selon eux, il est nécessaire aujourd’hui de changer nos représentations du monde et donc notre compas politique. Bruno Latour propose un nouveau compas de repenser la mondialisation et le local, aujourd’hui perçus comme une menace pour la première et un retour en arrière pour le second. Dans cet axe global-local, chaque pôle doit être réinventé en y intégrant les ressources limitées de la Terre, que nous épuisons actuellement avec notre mode de vie.

L’Europe doit avoir pour objectif que chaque territoire protège ses ressources, les utilise au mieux, les fasse grandir et en trouve de nouvelles. Dit autrement : la résilience et la relocalisation des systèmes énergétiques, alimentaires, productifs, sans pour autant que cela soit un repli sur soi, mais bien une interaction entre territoires et une interdépendance des savoirs, sans prédation. Chaque citoyen, entreprise, collectif peut prendre part à ce projet, et l’Union européenne peut accompagner budgétairement et législativement cette transformation.

Les termes du débat doivent changer, car aujourd’hui, la contestation politique prend de cours tous les partis traditionnels. En effet, l’organisation d’un Grand Débat, comme veut le faire le Président français, est impératif, mais pas sans en préciser les contours et être clair de ce qui sera fait des résultats, surtout en intégrant dans le débat l’impératif de préservation et de valorisation de nos ressources.

La participation citoyenne est non seulement une condition sine-qua-non des transitions futures, elle en est le cœur. Au niveau municipal, notre dernière étude « Fabrique de transition démocratique » explore trois villes inspirantes en la matière : CadixGrenoble et Maastricht, et montre combien la fabrique démocratique autour de projets concrets d’appropriation de l’énergie et de biens communs urbains est une force incroyable pour redonner à chacun un rôle actif dans nos sociétés.

Une force motrice, inépuisable. L’énergie du futur … et du passé.